Qui était Jean Eustache ?

Jean Eustache (1938 – 1981)

Jean Eustache était un cinéaste français né à Pessac dont la filmographie est partagée entre des films de fiction et des documentaires. Il a marqué les années 70 avec « La Maman et la Putain », grand prix spécial du jury à Cannes en 1973.

Ses fictions, dans la mouvance de la Nouvelle vague, sont d’inspiration autobiographique :
– son enfance à Pessac et Narbonne dans « Mes petites amoureuses » (1974),
– sa jeunesse à Narbonne dans « Le Père Noël a les yeux bleus » (avec Jean-Pierre Léaud ; 1967),
– ses histoires sentimentales à Paris dans « La Maman et la putain » (avec Bernadette Lafont, Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun ; 1973).

Jean Eustache se consacre également au cinéma documentaire, domaine dans lequel il se distingue par ses dispositifs originaux.
Ainsi, il avait pour projet de montrer l’évolution de la société française à travers les changements de la tradition de la Rosière à Pessac. Il tourna « La Rosière de Pessac » en mai-juin 1968, montrant une France aux antipodes des événements parisiens. Il tourne à nouveau « La Rosière de Pessac » en 1978 (mais le film est perdu) et en 1979. Il avait prévu de tourner une «Rosière » tous les dix ans. En 1988, le réalisateur Pierre Carles, qui termine alors ses études à Bordeaux, tourna également un documentaire consacré à la Rosière de Pessac. En 2008, c’est au tour de Cathie Dambel de filmer la « Rosière ».
Jean Eustache tourne, en 1977, un film original et provocateur intitulé « Une Sale histoire ». Le sujet : un pervers qui explique pourquoi il aime épier les femmes allant aux toilettes. Le film est en deux parties : l’une se présentant sous forme de documentaire, l’autre sous forme de fiction. Les deux volets étant tous les deux des fictions.
Le cinéaste pessacais filme également en un long plan séquence une interview de 2h de sa grand-mère Odette Robert qui, entre deux rasades de Whisky, raconte sa vie féminine et féministe dans le siècle à Pessac. Le film connaît une version longue (2h) intitulée « Numéro Zéro » qui sortira en salles en 2003 et une version courte (0h50) intitulée « Odette Robert » qui sera diffusée à la télévision.

Parmi les autres titres de Jean Eustache

– « Offre d’emploi » (1980).
– « Le Jardin des délices de Jérôme Bosch » (1980).
Jean Eustache reste dans l’histoire du cinéma, à l’instar de Jean Vigo, comme une sorte « d’artiste maudit », doté d’une grande sensibilité et d’une forte personnalité, intransigeant, inadapté aux contraintes de la production commerciale, à cheval entre documentaire et fiction, adepte du noir et blanc (« La Maman et la Putain », « Numéro zéro ») comme de la couleur, passant du moyen-métrage (« Les mauvaises fréquentations », 0h42) au très long-métrage (« La Maman et la Putain », 3h40) et revenant au court-métrage.
Son seul film dont la production fut classique (une fiction en couleurs de 2h) est « Mes petites amoureuses », tourné dans la foulée du succès public de « La Maman et la Putain ».
Jean Eustache se suicide en 1981. Il a 43 ans. Son fils Boris reçoit à sa place à titre posthume le césar du meilleur court-métrage pour le film « Les photos d’Alix ».

Les films de Jean Eustache sont peu diffusés en raison notamment de la gestion des droits d’auteur par la famille de Jean Eustache.

L’inauguration du cinéma Jean Eustache, le 4 septembre 1990, s’est faite en présence de son fils Boris Eustache et de l’actrice Françoise Lebrun. La façade du cinéma Jean Eustache (côté rue des Poilus) et les tickets de cinéma reprennent la séquence dans laquelle l’acteur Martin Lœb séduit une jeune fille en regardant « Pandora » d’Albert Lewin dans une salle obscure.

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