WINTER BREAK

WINTER BREAK

WINTER BREAK

Réalisateur(s) : Alexander Payne
Acteur(s) : Paul Giamatti, Dominic Sessa, Da’vine Joy Randolph
Genre(s) : Comédie, Drame
Origine : USA
Durée : 2h13
Synopsis : Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ere aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable.

Un saut dans le temps. Dès les premières images de Winter Break, aussitôt passé le logo – version rétro – d’Universal, non seulement on est transporté dans une histoire qui se déroule en 1970, mais on a aussi la sensation que le film lui-même aurait pu être réalisé à cette époque-là. En se servant des outils numériques contemporains, Alexander Payne (The Descendants, 2011) propose une mise en forme vintage confondante de véracité : la texture granuleuse de l’image argentique, le rythme du montage qui s’autorise des fondus enchaînés mélancoliques, les prises de vue qui adoptent certains tics de l’époque comme les zooms rapides… Et puis, au-delà de la bande originale du film qui égrène les standards, le son lui-même a été ouvragé pour retrouver une empreinte acoustique analogique. Un tel parti-pris n’est nullement une coquetterie puisée dans l’air du temps ; Alexander Payne adopte la même démarche que le professeur Hunham, visitant le passé pour mieux révéler le présent. Et c’est bien la cinéphilie du réalisateur qui a guidé ce choix. Cette histoire de lycéens laissés-pour-compte à l’internat durant les vacances de Noël trouve son origine en 1935, dans Merlusse de Marcel Pagnol (sic). Mais elle est transposée dans les années 1970 par un auteur épris d’un certain cinéma de ce temps-là, parce que lui aussi aime mettre l’humain au centre de ses scénarios et tourner la totalité de ses films en décors naturels. Cette sincérité fait presque de Winter Break un conte de Noël, une sorte de film enneigé aux images désaturées et dont les trois héros émouvants pourraient sortir des œuvres d’Hal Ashby ou de Peter Bogdanovich. Coutumier des récits trans-générationnels poignants, l’auteur de Nebraska (2013) s’entoure à nouveau de très talentueux comédiens. Il confronte le touchant Paul Giamatti, de retour dans l’univers de Payne 20 ans après Sideways, au prometteur Dominic Sessa, dont c’est le premier rôle au cinéma. Les dialogues fusent. La gouaille mordante de Da’vine Joy Randolph, dans le rôle de la cuisinière Mary, achève de donner un humour tendre à cette histoire d’individus cabossés qui vont se révéler les uns aux autres pour notre plus grand plaisir. ⎥ Nicolas Milesi

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