VOIR DU PAYS

VOIR DU PAYS

VOIR DU PAYS

Réalisateur(s) : Delphine Coulin, Muriel Coulin
Acteur(s) : Soko, Ariane Labed, Ginger Romàn
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h42
Synopsis : Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d’Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l’armée appelle un sas de décompression, où on va les aider à « oublier la guerre ». Mais on ne se libère pas de la violence si facilement…

Nous avons choisi d’ouvrir la 7° saison de l’unipop cinéma avec Voir du pays, car par son sujet, comme par son traitement, c’est un film qui tranche singulièrement avec le reste de la production française. Ainsi, Delphine et Muriel Coulin ont-elles décidé de nous faire partager le point de vue de deux jeunes femmes militaires engagées dans une mission en Afghanistan. La bonne idée du scénario (qui a reçu un prix à Cannes, dans la section Un Certain regard) est de se concentrer sur le retour de la mission, à Chypre, dans un hôtel de grand standing, pendant les quelques jours de décompression avant le retour en France. Ce choix, outre le fait qu’il donne une forte dramaturgie au film (unité de lieu, de temps…), offre la possibilité aux cinéastes de bâtir leur récit sur les contrastes, ô combien parlants, entre l’univers des militaires, celui des touristes et enfin celui des Chypriotes, trois mondes que tout sépare mais qui doivent pourtant cohabiter. Ensuite ce qui fait toute la valeur de Voir du pays est l’ambition et l’honnêteté intellectuelle qui ont prévalu à ce projet. Delphine et Muriel Coulin n’ont cherché ni à caricaturer, ni à valoriser, encore moins à simplifier le monde militaire à travers ses codes et ses pratiques. Enfin, de manière très concrète et très précise, elles ont cherché à montrer à travers deux personnages aussi attachants l’un que l’autre (avec au passage une excellente interprétation de Soko et de Ariane Labed), quelles pouvaient être la motivation, la nature et les limites d’un engagement. Comment pouvait surgir les prises de conscience ou au contraire comment la règle de l’omerta pouvait s’imposer à soi, comment le groupe pouvait (ou pas) s’imposer à l’individu quand la tension et la peur dominent. Ainsi, Delphine et Muriel Coulin nous proposent un éclairage aussi lucide que bienveillant sur les silhouettes françaises parties aux confins du Moyen-Orient. Pour qui ? Pourquoi ? ⎥ François Aymé

Partager