Popularisée par la pandémie à travers l’utilisation de l’ARN messager, la biologie synthétique est certainement la prochaine révolution technologique. De cette conviction, les auteurs de Vesper Chronicles ont tiré un conte noir pour adultes, dont l’esthétique avant-gardiste puise dans un biodesign beau et inventif, se démarquant puissamment des productions hollywoodiennes du genre. Tourné en extérieurs naturels (et sans fonds verts !), dans les paysages somptueux de la Lituanie, ce récit initiatique dose savamment ses révélations, provoquant une immersion sensorielle des plus envoûtantes. Face au courage candide de la jeune Raffiella Chapman (À la croisée des mondes), Eddie Marsan apporte un contre-point ténébreux que ce comédien hors norme semble avoir puisé dans le théâtre Shakespearien. Dystopie angoissante mais non dénuée d’espoir, Vesper Chronicles vaut singulièrement le détour car, comme dans tout bon film de SF, son scénario aborde des thématiques très contemporaines – comme la privatisation du vivant ou la désillusion sociétale. Un film ample, sombre et délicat à la fois, dans lequel l’entraide se révèle l’unique stratégie de résilience pérenne. Précieuse fable. ⎥ Nicolas Milesi
VESPER CHRONICLES
Réalisateur(s) : Kristina Buozyte, Bruno Samper
Acteur(s) : Raffiella Chapman, Eddie Marsan, Rosy McEwen
Genre(s) : SF
Origine : USA
Durée : 1h55
Synopsis : Dans le futur, les écosystèmes se sont effondrés. Parmi les survivants, quelques privilégiés se sont retranchés dans des citadelles coupées du monde, tandis que les autres tentent de subsister dans une nature devenue hostile à l’homme. Vivant dans les bois avec son père, la jeune Vesper rêve de s’offrir un autre avenir, grâce à ses talents de bio-hackeuse, hautement précieux dans ce monde où plus rien ne pousse. Le jour où un vaisseau en provenance des citadelles s’écrase avec à son bord une mystérieuse passagère, elle se dit que le destin frappe enfin à sa porte…