VENT DU NORD

VENT DU NORD

VENT DU NORD

Réalisateur(s) : Walid Mattar
Acteur(s) : Philippe Rebbot, Mohamed Amine Hamzaoui, Corinne Masiero
Genre(s) : Drame
Origine : France, Belgique, Tunisie
Durée : 1h29
Synopsis : Nord de la France. L'usine d'Hervé est délocalisée. Il est le seul ouvrier à s'y résigner car il poursuit un autre destin : devenir pêcheur et transmettre cette passion à son fils. Banlieue de Tunis. L'usine est relocalisée. Foued, au chômage, pense y trouver le moyen de soigner sa mère, et surtout de séduire la fille qu'il aime. Les trajectoires de Hervé et Foued se ressemblent et se répondent.

En 2015, dans À peine j’ouvre les yeux, la réalisatrice Layla Bouzid livrait le portrait d’une jeune tunisienne aux aspirations contrariées avant la tourmente du Printemps arabe. En 2017, dans Petit Paysan, la scénariste Claude Le Pape co-écrivait avec le réalisateur Hubert Charuel la confrontation d’un jeune éleveur à son angoissante condition.
Le réalisateur tunisien Walid Mattar a gonflé son Vent du Nord du talent de ces deux scénaristes pour raconter l’histoire quasi absurde de deux destinées ouvrières brassées dans un monde globalisé. Du Nord de la France au Sud de la Méditerranée, son film dessine une géographie de plus en plus relative à force d’être schématique (la quintessence en étant ces plans d’un porte-conteneurs vu du ciel ou d’un avion de ligne vu du sol, dont les sillages respectifs, captés par la caméra, portent à l’épure les circulations verticales entre le nord et le sud de l’écran de cinéma). Car, in fine, quel que soit l’endroit, c’est avec une mécanique similaire que les perspectives d’avenir semblent se fracturer pour la même catégorie de population. Vent du Nord assume un discours politique dans la description qu’il fait de deux mondes supposés être si loin l’un de l’autre : un Nord corseté par trop de règles qui délocalise dans un Sud où justement les règles manquent. Surtout, le film provoque une empathie pour ses personnages aux gueules de cinéma, tous attendrissants : Hervé qui se débat avec une administration hors-sol (Philippe Rebbot, au regard candide désarmant), Véronique, son épouse, matoise ce qu’il faut pour épauler les siens (Corinne Masiero, idoine), ou encore Foued (Mohamed Amine Hamzaoui), l’ouvrier tunisien qui, par amour, avale les couleuvres d’un management véreux… Servis par un scénario subtil, chacun d’entre eux insufflent à Vent du Nord une grande dignité humaine. Et ça fait un bien fou. ⎥ NICOLAS MILESI

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