UNE GRANDE FILLE

UNE GRANDE FILLE

UNE GRANDE FILLE

Réalisateur(s) : Kantemir Balagov
Acteur(s) : Viktoria Miroshnichenko, Vasilisa Perelygina, Timofey Glazkov
Genre(s) : Drame
Origine : Russie
Durée : 2h17
Synopsis : 1945. La Deuxième Guerre mondiale a ravagé Léningrad. Au sein de ces ruines, deux jeunes femmes, Iya et Masha, tentent de se reconstruire et de donner un sens à leur vie.

Nous pensions que le cinéma russe contemporain se résumait à Andreï Zviaguintsev (Faute d’amour, Léviathan…) ; il va désormais falloir compter avec Kantemir Balagov. Deux ans après Tesnota, une vie à l’étroit (célébré et maintes fois primé), Balagov revient avec ce film remarquable et ambitieux, Prix de la mise en scène à Un Certain Regard à Cannes. L’auteur choisit d’aborder un double sujet tabou et ignoré de l’histoire soviétique : l’état de pénurie et de dénuement (et même de famine) que subit l’URSS après la « Grande guerre patriotique » et surtout le retour à la vie civile des très nombreuses femmes-soldats souvent traumatisées, blessées qui n’eurent ni les honneurs ni la reconnaissance de la société à leur retour du combat. Balagov s’est appuyé sur le bouleversant ouvrage La Guerre n’a pas un visage de femme de Svetlana Alexievitch. L’écrivain, prix Nobel de littérature, a rassemblé une foultitude de témoignages de femmes soldats, souvent volontaires, qui connurent les horreurs de la guerre et cachèrent ensuite leur calvaire patriotique comme une maladie honteuse : dans l’histoire officielle, la guerre devait rester une affaire d’hommes. Balagov fait le portrait de deux de ces rescapées, qui s’épaulent l’une l’autre, dans un Leningrad ravagé, terne. Les arrangements, les compromissions, les trahisons pour se faire sa place sous la terreur stalinienne. Ces deux personnages féminins, « sonnés » par la guerre et encore accrochés à la vie par un fil, suscitent une réelle fascination. Quelle résistance, quelle ténacité ! Quand à la composition des deux actrices, elle est exceptionnelle. Un sujet ignoré, une mise en scène au cordeau, la révélation d’un auteur : c’est l’une des bonnes surprises de l’été. ⎥ François Aymé

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