UN PETIT FRÈRE

UN PETIT FRÈRE

UN PETIT FRÈRE

Réalisateur(s) : Léonor Serraille
Acteur(s) : Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Kenzo Sambin
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h56
Synopsis : Quand Rose arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.

Quand je vois la vie de Rose, je me dis « quel courage » ! Et moi aurais-je autant d’audace et de modernité qu’elle ? Ce noble attachement de la cinéaste Léonor Serraille (Jeune Femme, Caméra d’Or en 2017) pour son personnage principal est absolument contagieux. Mère aimante, femme libre, Ivoirienne émigrée au parcours cabossé mais résolue à protéger son autonomie, Rose est une héroïne magnifique dans un film qui tient plus de la fresque familiale intimiste que d’une énième success story. La belle sensibilité de la comédienne Annabelle Lengronne alliée à une dramaturgie libérée des utilités scénaristiques habituelles donne à Rose une épaisseur très émouvante et beaucoup d’intelligence. À ses côtés, des acteurs remarquables de justesse incarnent ses deux fils à des âges différents. Parmi eux, auprès du charismatique Stéphane Bak, l’humoriste Ahmed Sylla (plus connu du grand public) confirme son grand talent dans un rôle à contre-emploi. Chapitré sobrement autour de ces trois personnages dont les destinées se déploient sous nos yeux à partir de leur arrivée en France en 1989, Un petit frère n’esquive pas l’arrière-plan politique d’une France – celle des lois Pasqua-Debré – pas franchement accueillante aux immigrés. Pour autant, au son des pièces de Bach se mêlant aux rythmes africains, la cinéaste garde en ligne de mire sa belle volonté de montrer les héros de l’intégration invisible et silencieuse, si absents des médias et du cinéma en général. Épaulée de la cheffe opératrice Hélène Louvart, elle y parvient magnifiquement, proposant une œuvre aux préoccupations aussi intimes qu’universelles. « Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre » déclare Ernest vers la fin du film. Une citation de Blaise Pascal comme un totem pour les protagonistes de ce film, conscients de leurs imperfections mais qui ne baissent pas les bras. Un petit frère recèle des trésors d’humanité. ⎥ Nicolas Milesi

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