Dès les premières images, William Oldroyd, brouille les pistes de ce film troublant, sauvage, adapté du roman de Nicolas Leskov Lady Macbeth of Mtsensk, en s’emparant d’un thème cher à la littérature du 19e siècle, la frustration des femmes (Lady Chatterley, Madame Bovary)… mais ne nous fions pas au calme initial du personnage de Katherine, qui, d’apathique et soumise, va se transformer sous nos yeux – avec le même calme – en un être imprévisible, interprété magistralement par la jeune Florence Pugh (The Falling). La contrainte d’un budget serré s’est révélée un atout pour ce film épuré et vénéneux aux plans fixes récurrents, véritables tableaux d’une beauté formelle et symétrique (Katherine, corsetée dans sa robe bleue-paon, figée sur le canapé du salon). L’unité de lieu, essentiellement en intérieur, le huis clos, le silence oppressant, le style austère et dépouillé des décors (choix de couleurs sombres froides, du brun au vert, d’Ari Wegner la photographe), sont autant de choix assumés du réalisateur. Ici, âpreté et violence intérieure règnent : la colère froide et contenue de Katherine, son visage hiératique, impassible, le regard rivé sur la caméra, nous hypnotisent et nous glacent. En réalisant ce conte sensuel et scandaleux, Oldroyd pose les questions intemporelles de la passion interdite et de la folie. ⎥ HÉLÈNE HANUSSE
THE YOUNG LADY
Réalisateur(s) : William Oldroyd
Acteur(s) : Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Naomi Ackie, Christopher Fairbank
Genre(s) : Drame
Origine : GB
Durée : 1h28
Synopsis : 1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre enfin la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.