THE FABELMANS

The Fabelmans démarre en beauté, au Fox Theater de Philadelphie dans lequel le petit Sammy, 6 ans, flanqué de ses deux parents, découvre Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille. Nous sommes en 1952 et Sammy Fabelman est en réalité l’alter ego de Steven Spielberg. En quelques scènes, le réalisateur dépeint avec brio l’étincelle qui alluma sa passion dévorante pour le 7e Art – cette magie qu’il sut transmettre aux millions de spectateurs de ses films, parmi les plus populaires d’Hollywood. Les deux heures trente qui suivent – et qui en paraissent deux fois moins, tant ce cinéaste demeure un narrateur hors pair – constituent le récit autobiographique d’un adolescent comprenant très tôt que l’apprentissage artisanal de sa passion ne relèguera certainement pas cette dernière au statut de hobby. Et le film de raconter avec une humilité remarquable comment la vie de cette famille, par ailleurs emblématique des familles juives américaines des années 50 et 60, a littéralement été façonnée par les prises de vue du jeune Sammy. Depuis le New Jersey jusqu’à l’Arizona, puis de l’Arizona à la Californie – terre promise du cinéma dominant – le scénario suit les déménagements familiaux ponctués d’autant de scènes visuellement marquantes, comme Spielberg sait si bien les imaginer. Ce dernier a d’ailleurs participé activement au scénario (co-écrit avec le dramaturge Tony Kushner) – une première depuis une vingtaine d’années (c’était pour A.I. Intelligence artificielle) ! C’est que le 36e film de cet artiste de 76 ans, sous ses allures de teen movie, dit beaucoup de sa foi dans le cinéma comme un art capable de révéler le monde et de le transformer. Porté par des comédiens habités, dont un cameo réjouissant en fin de film, The Fabelmans devrait ravir non seulement les cinéphiles (on y croise quand même l’homme qui filma le mieux Monument Valley !) mais aussi les spectateurs avides d’histoires émouvantes que Steven Spielberg sait rendre captivantes. ⎥ Nicolas Milesi