TENET

Le voilà, le film probablement le plus attendu de l’année. Le feuilleton de sa sortie maintes fois repoussée nourrit depuis des mois l’impatience des spectateurs du monde entier, et ne doit sa résolution estivale – toujours incertaine à l’heure où nous écrivons ces lignes – qu’à l’engagement acharné de Christopher Nolan pour accompagner le redémarrage des salles de cinéma. Cinéaste comptant parmi les fleurons d’Hollywood et dont chaque film est source d’enjeux colossaux, le réalisateur d’Inception, Dunkerque ou la trilogie The Dark Knight s’apprête donc à dévoiler son dernier projet, objet d’une campagne d’indiscrétions patiemment orchestrée : un titre énigmatique, un scénario qui s’annonce une nouvelle fois complexe et ambitieux, une intrigue bâtie sur les codes du thriller d’espionnage et promettant de s’en affranchir avec panache, et une distribution réunissant John David Washington, fils de Denzel et premier rôle du Blackkklansman de Spike Lee, Robert Pattinson – qui navigue entre l’univers singulier de Claire Denis et le prochain Batman, et un Kenneth Branagh de plus en plus habitué aux personnages machiavéliques. L’industrie hollywoodienne étant connue pour assujettir sa confiance au box office, Nolan incarne exemplairement la façon dont la puissance commerciale garantit une liberté rare, celle de poursuivre un cheminement d’auteur parsemé d’obsessions personnelles. Auteur de ses films qu’il co-écrit avec son frère Jonathan, le cinéaste britannique creuse depuis Memento une méditation sur le temps qui traverse aussi les spectaculaires Interstellar et Inception. Tenet promet d’ouvrir un stade ultime dans cette exploration des distorsions et manipulations temporelles qui fondent l’écriture et la vision nolaniennes – un univers forgé par l’extrapolation jubilatoire des lois de la physique et de la matière, repoussées aux limites de la métaphysique et propices à un spectacle cinématographique ébouriffant. Un film idéal pour retrouver cet été le plaisir du grand écran. ⎥ Audrey Pailhès