Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Loin des visions déclinistes des vieux romantiques du Nouvel Hollywood, tels Paul Schrader (The Canyons) ou Terrence Malick (Knight of Cups), Los Angeles est ici une entité vivante, électrique et jouisseuse. Bricolé avec trois iPhone et quelques milliers de dollars, ce portrait de ville relève aussi du coup d’éclat formaliste, exploitant à merveille les nouvelles potentialités des images numériques (…). Mais la principale attraction de Tangerine reste bien sûr son duo d’actrices transgenres, sorte de croisement improbable entre les furies badass du cinéma de John Waters et les révoltées féministes de la série Orange Is the New Black. Sans expérience avant le tournage, ces deux amatrices vampirisent la minicaméra désirante de Sean Baker, qui exalte la beauté de leurs corps hybrides, la drôlerie de leur langue pop et l’esprit solidaire de leur peuplade queer. Elles sont les plus fortes et singulières héroïnes aperçues cette année dans le cinéma indépendant américain : deux trans qui règnent en majesté sur la Cité des anges. ⎥ les inrockuptibles