SUR L’ADAMANT

SUR L’ADAMANT

SUR L’ADAMANT

Réalisateur(s) : Nicolas Philibert
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France
Durée : 1h49
Synopsis : L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.

Auteur reconnu de films documentaires qui marquèrent leur temps – personne n’a oublié le petit Jojo de Être et avoir en 2002 ! – Nicolas Philibert s’est vu couronné d’un Ours d’Or berlinois pour ce nouveau long métrage totalement captivant. En filmant durant plusieurs mois les occupants du centre de jour parisien L’Adamant, le cinéaste renoue avec un film fabriqué au sein d’un lieu atypique du secteur psychiatrique, 25 ans après avoir tourné La Moindre des choses (1997) à la clinique de La Borde, dans lequel il donnait à voir la préparation de la représentation estivale d’une pièce de Gombrowicz par les patients avec leurs soignants. Volontairement décontextualisé, Sur L’Adamant vise à témoigner d’une expérimentation dans un lieu qualifié de « miraculeux » par Nicolas Philibert qui précise que « la situation de la psychiatrie publique s’est considérablement dégradée ». N’explicitant pas à dessein qui sont les soignants et qui sont les soignés, ne nommant à aucun moment les troubles psychiques à l’œuvre parmi les protagonistes du film, le réalisateur propose au spectateur le plus béotien d’être le témoin réceptif et bienveillant des subtilités que l’ambiance et les connivences font émerger entre les personnes, dans la vie quotidienne de cet endroit isolé sur le calme du fleuve. On se familiarise peu à peu avec des personnages récurrents, avec leurs regards, leurs silhouettes, leurs phrasés si particuliers à chacun d’entre eux ; on observe des situations tantôt récurrentes comme des ateliers, tantôt accidentelles comme des confidences, parfois drolatiques ou énigmatiques, souvent émouvantes, à travers lesquelles s’esquissent des histoires, se devinent des destins. « Avec le temps, l’improvisation est devenue pour moi comme une nécessité éthique » déclare le cinéaste avec humilité. Un point de départ pour un regard talentueux ; le résultat est l’émergence de la conscience d’une humanité commune, d’une évidence troublante – cette moindre des choses qui estompe des frontières que l’on pensait moins flottantes. Sur L’Adamant est le premier volet d’un triptyque entièrement destiné aux salles de cinéma et dont le second film est en cours de montage. La mise en lumière du singulier qui anime Nicolas Philibert n’a pas fini de nous éblouir. ⎥ Nicolas Milesi

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