SOFIA

SOFIA

SOFIA

Réalisateur(s) : Meryem Benm’Barek
Acteur(s) : Maha Alemi, Lubna Azabal, Sarah Perles
Genre(s) : Drame
Origine : Maroc
Durée : 1h20
Synopsis : Sofia, 20 ans, vit avec ses parents à Casablanca. Suite à un déni de grossesse, elle se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage. L’hôpital lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités…

Présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018, ce premier film d’une jeune réalisatrice franco-marocaine de 34 ans a remporté le Prix du meilleur scénario et confirme le dynamisme du cinéma marocain. Après Much Loved (2015) et Razzia (2018), tous deux de Nabil Ayouch, qui dénonçaient sans concession les travers de la société marocaine, voici un nouveau portrait d’une jeunesse emprisonnée par des mœurs étouffantes. Le film démarre par l’article 490 du code pénal marocain, un carton qui nous fait frémir : “Sont punies de l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles.” Le ton est donné. La transgression de Sofia, superbement interprétéepar MahaAlemi,et ce“secret de famille”(assezrépanduau Maroc) auraient pu donner lieu à un scénario attendu. Au contraire l’intrigue va connaître un développement à tiroirs, d’une belle complexité. En toile de fond de ce qui n’est pas qu’une affaire de femmes, c’est la société marocaine toute entière et sa hiérarchie sociale figée qui sont mises en cause. Soutenue par sa cousine Lena, étudiante en médecine, dont la famille appartient à la bourgeoisie aisée alors que celle de Sofia essaie de sortir de la classe moyenne en développant un projet économique à l’occidentale, la jeune fille va affronter toutes les difficultés in- times et sociales engendrées par la situation et révéler une personnalité plus opaque que prévu. La caméra reste souvent au plus proche de son visage fermé, essayant de percer le mystère de son regard. Le casting fait aussi la part belle à de jeunes talents, notamment Khafif Hamza, qui interprète Omar, coincé dans la précarité et emprisonné dans son statut social. Des plans magnifiques, de lents travellings qui permettent d’entrer doucement dans les scènes, des cadres à l’intérieur
des cadres, voilà une mise en scène sans esbroufe. ⎥ Michèle Hédin

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