Selma

Selma

Selma

Réalisateur(s) : Ava Duvernay
Acteur(s) : David Oyelowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo
Genre(s) : Historique
Origine : USA
Durée : 2h8
Synopsis : Selma retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens.

Selma est une très bonne surprise car le film va au-delà de nos attentes. On connaît la capacité du cinéma américain à s’attaquer aux brûlures de son histoire, à mettre en images ses grandes figures, à bâtir un récit solide au sein d’une production confortable, ample. On retrouve cela dans Selma, mais l’intérêt du film est ailleurs. Tout d’abord, on sent, du début à la fin, qu’Ava DuVernay, jeune réalisatrice afro-américaine, a mis non seulement son énergie, mais également toutes ses convictions dans ce projet. Selma va au-delà de l’illustration d’une page de l’histoire américaine pour la défense des droits civiques des Noirs. Le film nous rappelle d’abord la violence incroyable subie, il y a tout juste 50 ans, par les Noirs aux Etats-Unis. Les attentats meurtriers contre quelques fillettes en ouverture du film, le coup de poing donné par un patron d’hôtel à Martin Luther King, pourtant Prix Nobel de la paix… Les exemples véridiques sont malheureusement nombreux. Et puis, à l’instar du film Harvey Milk de Gus Van Sant, Selma nous montre, en détail, la logique politique, médiatique et militante de la revendication. Comment ne pas répondre à la violence par la violence. Peut-on mettre en danger les gens qui sont prêts à vous suivre? À l’encontre des codes hollywoodiens, il nous dépeint également la tentation perpétuelle du renoncement, de l’abandon. En un mot, il détaille la mécanique imprévisible, complexe de la marche de l’Histoire. Certains dialogues sont particulièrement savoureux, en particulier entre le président Johnson et Martin Luther King, puis entre Johnson et le sherif Wallace (joué à merveille par Tim Roth). Des films de cette trempe sur des sujets aussi essentiels, il n’y en a guère que trois ou quatre par an. Nous vous recommandons particulièrement celui-ci et vous suggérons de compléter par Dear White People qui revient sur les tensions raciales américaines aujourd’hui mais sur un registre plus ironique. François Aymé

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