SAGE FEMME

SAGE FEMME

SAGE FEMME

Réalisateur(s) : Martin Provost
Acteur(s) : Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet
Genre(s) : Drame comédie
Origine : France, Belgique
Durée : 1h40
Synopsis : Claire exerce avec passion le métier de sage-femme. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice, femme fantasque et ancienne maîtresse de son père défunt.

« C’est un homme qui est du côté des femmes ». Voilà la réponse de Catherine Deneuve lorsqu’on lui demande quel réalisateur est Martin Provost. C’est que bien des femmes engagées, aussi fascinantes qu’émouvantes et au caractère bien trempé, ont toujours été au premier plan de son cinéma. La plus connue est la peintre Séraphine – Yolande Moreau, portant le film homonyme, multi-césarisé en 2011 – dévorée par son engagement artistique. Une autre est l’écrivaine Violette Leduc (Violette, 2013) ), presque la jumelle de Séraphine, campée par une Emmanuelle Devos toute en intensité. Pour autant, les femmes entières qui intéressent le cinéaste ne sont pas forcément des artistes : il y eut Juliette – Marie-Julie Parmentier, (Le Ventre de Juliette, en 2003) – vingt ans, enceinte et décidée à garder son bébé envers et contre tous ; ou Rose – encore Yolande Moreau, (Où va la nuit, en 2011) – aussi déterminée qu’engluée dans la tragédie familiale (le meurtre d’un mari violent). Aujourd’hui, avec Sage Femme, ce sont Claire et Béatrice qui, sous les traits de deux Catherine – impériales de justesse et de cinégénie (Deneuve avec Frot, l’idée géniale du film !) – portent haut cette comédie dramatique à mi-chemin de la fable.
Sage Femme. Si le trait d’union a disparu du titre du film, comme le symptôme d’un souffle romanesque assumé, Martin Provost émaille son histoire de préoccupations inquiètes quant au sort de la chose obstétrique dans notre société moderne. Claire (Catherine Frot) est sage-femme et sait la valeur de son expérience. Autant-dire que les temps sont durs… Dans un geste professionnel d’une grande douceur et d’un altruisme bouleversant, c’est elle qui accueille le film, ouvre le récit. Béatrice (Catherine Deneuve), gravement malade, le refermera d’un baiser, dans une ellipse pleine de poésie. Entre ces deux moments d’une simplicité poignante, le récit, entre rire et larmes, emporte l’adhésion, émeut. Visiblement, Martin Provost aime les comédiens – il en fut un sur les planches – et les sert avec générosité  : dans des décors expressionnistes – les bords de Seine maraîchers, les appartements feutrés ou les tours anonymes des banlieues –, avec des plans mémorables qui s’attardent à laisser advenir la profondeur des personnages, par une sorte de maïeutique de la mise en scène… Et si le cinéma est aussi l’art de la dissimulation, il raisonne éperdument dans le cheminement de Béatrice, femme fantasque et à la fin de sa vie. Encore une fois, Deneuve surprend et enchante. Qu’elle conduise un semi-remorque ou qu’elle regarde la Seine crépusculaire comme un Styx inquiétant, elle fascine de bout en bout. « Qui d’autre que Catherine Deneuve pouvait incarner Béatrice ? Elle semble au-dessus des lois. Son existence seule me rend heureux » déclare Martin Provost. On ne saurait mieux dire. ⎥ NICOLAS MILESI

Partager