Jeté sur les routes, un scénariste croise un jeune éphèbe, à la beauté « pasolinienne ». Il s’arrête pour lui proposer de faire du cinéma, sous les yeux d’un vieillard renfrogné. Plus tard, il fait la connaissance d’une jolie bergère qui mène son troupeau sur un plateau, balayé par les vents. Un enfant naît de leurs amours. Mais les loups rôdent. Ils ont le visage d’une France précarisée et d’un monde rural meurtri. Sur cette trame énigmatique, Alain Guiraudie brise la ligne droite de son récit. Bien malin qui pourrait prédire où ce film étrange et volontairement déstructuré nous emmène. Ses bifurcations épousent le propos même du film : la perte de repères dans une société impitoyable. Elle conduit à un mélange des genres revigorant, par où le film et les personnages réinventent inlassablement leurs trajectoires. Transgenre, le film abolit les frontières normatives sclérosantes. Le programme secret du film est d’ailleurs tout entier contenu dans son titre. La verticalité, que les personnages appellent de leurs vœux, signe leur désir de résistance. Résistance contre le temps qui passe et le vieillissement. Rester vertical, c’est continuer à bander, aussi bien que rassembler ses dernières forces pour éviter l’inévitable chute. ⎥ LES FICHES DU CINÉMA
RESTER VERTICAL
Réalisateur(s) : Alain Guiraudie
Acteur(s) : Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h40
Synopsis : Léo est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup.