RÉPARER LES VIVANTS

RÉPARER LES VIVANTS

RÉPARER LES VIVANTS

Réalisateur(s) : Katell Quillévéré
Acteur(s) : Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h43
Synopsis : Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c’est l’accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n’est plus qu’un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie…

Avant Corniche Kennedy par Dominique Cabrera, avant Naissance d’un pont par Julie Gavras, Réparer les vivants est la première adaptation d’un roman de Maylis de Kerangal à sortir sur les écrans. C’est avec la complicité du très aguerri Gilles Taurand que la cinéaste Katell Quillévéré en a écrit l’adaptation, pour un résultat… bouleversant. Suzanne, le précédent film de la réalisatrice (qu’elle était venue présenter à Pessac en 2013), était centré sur peu de personnages et se déroulait sur 20 ans ; Réparer les vivants donne à voir une multiplicité d’individus sur 24 heures. Comme pour relever ce défit narratif, le film est animé d’un mouvement perpétuel qui traduit parfaitement l’amplitude si particulière de la prose du livre. Mouvements d’appareils et travellings discrets instillent cette sensation d’une nécessité vitale, d’un souffle grandissant dans le récit et qui se poursuit au-delà de la greffe du cœur de Simon. Mais la réalisatrice s’autorise une certaine arythmie dans cette histoire d’un battement de cœur à sauver, qui permet à chaque personnage d’être pleinement caractérisé. Elle confirme un talent singulier à trouver le ton juste avec chacun des protagonistes : pas un seul comédien de ce film n’est transparent ou réduit à n’être qu’un rouage scénaristique. Non seulement Kool Shen, Emmanuelle Seigner ou Anne Dorval sont à leur meilleur, mais face à eux, l’équipe soignante vibre d’une intensité déclinée en autant de personnalités esquissées : Bouli Lanners, Tahar Rahim, Karim Leklou, Monia Chokri, ou la toujours impériale Dominique Blanc ; on voudrait tous les citer ! Qu’on ne s’y trompe pas : aussi paradoxal que cela puisse paraître à la lecture du synopsis, Réparer les vivants est un film qui fait un bien fou. En ces temps troublés qui sont les nôtres, il rappelle à point nommé que la société des hommes est capable de prodigieuses solidarités pour sauver la vie d’un seul d’entre eux. La noblesse inhérente à la chose médicale – son mystère aussi – transpire tout au long du film, jusque dans les plans – proprement vertigineux – de la salle de chirurgie. Entre le début et la fin de Réparer les vivants, un cœur a changé d’existence et le cinéma de Katel Quillévéré a su transfigurer la prouesse technique à l’œuvre pour en révéler l’humanisme sublime qui la fonde. Du très beau cinéma. ⎥ Nicolas Milesi

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