Plein soleil

Plein soleil

Plein soleil

Réalisateur(s) : René Clément
Acteur(s) : Alain Delon, Marie Laforêt…
Genre(s) : Copie restaurée
Origine : France
Durée : 1h56
Synopsis : Tom Ripley est chargé par un milliardaire américain, M. Greenleaf, de ramener à San Francisco son fils Philippe qui passe de trop longues vacances en Italie auprès de sa maîtresse Marge. Tom entre dans l'intimité du couple et devient l'homme à tout faire de Philippe qui le fait participer à toutes ses aventures sans cesser de le mépriser. C'est alors que Tom tue Philippe et usurpe son identité. Tout semble réussir. Au moment où il s'apprête a épouser Marge, Philippe réapparait.

En 1960, René Clément a déjà acquis une réputation de novateur grâce à son premier film, La Bataille du rail. Pour lui, un cinéaste se doit d’être un « explorateur », et il ne voit pas d’antinomie entre lui, un grand ancien déjà, et ses jeunes confrères de la Nouvelle Vague qui viennent d’exploser. Sur le tournage de Plein Soleil, il fait, d’ailleurs, la part belle à l’improvisation. Ce n’est rien de le dire pour la séquence qui suit l’assassinat de Philippe (Maurice Ronet, superbe). La mer se déchaîne ? Clément décide d’en profiter : à toute vitesse, il descend du voilier, saute sur une chaloupe avec son chef opérateur Henri Decaë et laisse Alain Delon se débrouiller seul à la barre ! Il le filme de loin, luttant pour de vrai, et avec rage, contre les éléments. Voilà comment on boucle en quelques minutes une scène qui devait nécessiter une semaine de tournage, et que l’on en fait un sommet de tension ! Aujourd’hui, cette histoire de meurtre au soleil ressort en salles dans une version restaurée qui rend son éclat à la lumière d’Henri Decaë. C’est la modernité du film qui frappe, surtout. Faux-semblants, convoitise, attrait de la vie facile et désir fou de devenir un autre : ces thèmes restent d’actualité dans leur amoralité même. On ne peut, pourtant, s’empêcher d’éprouver de la compassion pour Ripley, qui veut sa place au soleil et s’y brûle les ailes. Dans le rôle, Delon, bien sûr : 25 piges, encore un inconnu ou presque, filmé comme un animal en liberté, se condamnant lui-même à être mis en cage. La plus belle scène du film est quasi documentaire : Ripley/Delon se baladant, regard horizon et clope au bec, dans le marché aux poissons de Mongibello, sur la musique de Nino Rota. Encore insouciant…
Guillemette Odicino

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