PLACE PUBLIQUE

PLACE PUBLIQUE

PLACE PUBLIQUE

Réalisateur(s) : Agnès Jaoui
Acteur(s) : Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : Frabce
Durée : 1h38
Synopsis : Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd'hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu'Hélène est restée fidèle à ses convictions. Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux. Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d'imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein...

Affectueusement, Alain Resnais les avait sur- nommés les Jabac. L’acronyme trahit la puissance créatrice apportée depuis longtemps au cinéma français par le tandem Jaoui- Bacri. Auteurs prolifiques de scénarios pour les autres (Resnais, Klapisch) ou pour eux- mêmes (Le Goût des autres, Comme une image, Au bout du conte… autant de films réalisés par Agnès Jaoui), les deux artistes savent croquer leurs semblables dans des comédies douces-amères à la cruauté bien dosée. Place publique n’échappe pas à leur acuité pour moquer les dérives des (en)jeux sociaux. (Pour ce film, entre autres références revendiquées, Agnès Jaoui a même montré La Règle du jeu de Renoir à ses collaborateurs.)
La pendaison de crémaillère de Nathalie (Léa Drucker, femme de média au cynisme sans égal) constitue l’unité de temps et de lieu (« À
35 minutes de Paris ! – Oui, enfin, à vol d’oiseau… ») au sein desquels les drames intimes plus ou moins importants et les perfidies se succèdent en un ballet réjouissant pour le spectateur. Le talent de dialoguistes des deux auteurs est intact, véhiculant, au-delà de l’humour requis, un amour des mots jubilatoire (« Vous aussi vous êtes connus ? – Ah non, moi je suis kiné »). Comme toujours, la célébrité et le pouvoir qu’elle procure sont passés au crible d’une écriture corrosive, avec – nouveauté dans la filmographie du tandem plus tout jeune ! – le vieillissement et le temps qui passe. La place publique du titre est une allusion à ces moments privés livrés en pâture sur les réseaux sociaux, nouveau terrain d’une lutte des classes jamais bien loin. Le résultat est une chorégraphie de saynètes sardoniques servies par des comédiens tous savoureux (mention spéciale à Sarah Suco – la serveuse, Samantha – à la présence très singulière) et parfaitement utilisés (un poil trop, même…).
Quant aux musiciens d’El Quintet Oficial, avec lesquels Agnès Jaoui est beaucoup montée sur scène, ils émaillent le film de nombreuses reprises musicales qui, l’air de rien, sauvent Place publique d’une entêtante noirceur mélancolique. ⎥ Nicolas Milesi

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