PIRANHAS

PIRANHAS

PIRANHAS

Réalisateur(s) : Claudio Giovannesi
Acteur(s) : Francesco Di Napoli, Ar Tem, Alfredo Turitto
Genre(s) : Drame
Origine : Italie
Durée : 1h45
Synopsis : Nicola et ses amis ont entre dix et quinze ans. Ils se déplacent à scooter, ils sont armés et fascinés par la criminalité. Ils ne craignent ni la prison ni la mort, seulement de mener une vie ordinaire comme leurs parents. Leurs modèles : les parrains de la Camorra. Leurs valeurs : l’argent et le pouvoir. Leurs règles : fréquenter les bonnes personnes, trafiquer dans les bons endroits, et occuper la place laissée vacante par les anciens mafieux pour conquérir les quartiers de Naples, quel qu’en soit le prix.

Sous protection policière depuis la parution de son brûlot Gomorra, l’auteur Roberto Saviano ne s’est pas pour autant résigné à se taire face aux agissements de la mafia. La Paranza dei bambini (« L’Eescadron des enfants »), titre original de son dernier livre et de l’adaptation qu’il a co-scénarisée, décrit l’apparition des « baby gangs » dans les rues napolitaines, résultat d’une évolution similaire à celle de nombreuses organisations criminelles. Sous nos yeux s’organisent et s’endurcissent ces groupes de mineurs qui tirent parti de la perte de pouvoir de barons vieillissants, emprisonnés ou assignés à résidence, pour s’emparer du pouvoir de la rue. Et le titre français semble fort justement trouvé, pour décrire la détermination sauvage de ces jeunes et l’âpre lutte quotidienne pour conserver leur place dans le système. La mise en scène nerveuse, sinueuse, fait ressentir les palpitations et les tensions qui se lisent sur les visages des acteurs, dont la caméra se détache rarement. Les spectateurs ayant vu le remarquable Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin y penseront assurément, face à ces jeunes individus plongés dans une dureté quotidienne pour laquelle ils se semblent résolument pas armés. Car le film raconte aussi la perte de l’innocence de personnages qui semblent d’abord prendre le crime comme un jeu, et se trouvent rapidement entraînés dans un inévitable engrenage de violence. Des personnages bruts dont le cran masque difficilement la fragilité, interprétés par de jeunes acteurs recrutés dans les quartiers populaires de Naples. Dans le contexte politique inédit que connaît l’Italie, Roberto Saviano décrit aussi un terreau social fait d’absence de perspectives et d’alternatives, et la désillusion d’une population désabusée. Aussi palpitant qu’édifiant. ⎥ Audrey Pailhès

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