PETRA

PETRA

PETRA

Réalisateur(s) : Jaime Rosales
Acteur(s) : Bárbara Lennie, Alex Brendemühl, Joan Botey
Genre(s) : Drame
Origine : Espagne
Durée : 1h47
Synopsis : Petra, jeune artiste peintre, n’a jamais connu son père. Obstinée, la quête de ses origines la mène jusqu’à Jaume Navarro, un plasticien de renommée internationale. Ce dernier accepte de l’accueillir en résidence dans son atelier, perdu dans les environs de Gérone. Petra découvre alors un homme cruel et égocentrique, qui fait régner parmi les siens rancœur et manipulation. Espérant des réponses, la jeune femme consent à se rapprocher de cette famille où dominent les non-dits et la violence. Petra trouvera-t-elle vraiment ce qu’elle est venue chercher ?

Fréquemment qualifié de Michael Haneke ibérique, le cinéaste catalan Jaime Rosales use sur ses tournages d’une mise en forme millimétrée qui laisse en même temps de la place à l’improvisation des comédiens – ce paradoxe, perceptible, est très intrigant. Avec ses cadrages et ses mouvements d’appareils extrêmement précis, Petra est de cette facture méticuleuse, tandis que les comédiens participent au rythme de sa mise en scène systémique.
L’histoire qui débute au sein de la résidence du mystérieux Jaume est une quête de soi que l’on ne révèlera pas ici : celle de la jeune artiste peintre qui a bien des raisons d’approcher l’hôte prestigieux de ces lieux. Incarnée par Bárbara Lennie (La Niña de Fuego, 2014), la sublime Petra nous entraîne dans un récit chapitré d’intertitres qui, non seulement inscrivent à chaque fois à l’écran le contenu à venir, mais se succèdent dans un désordre apparent (ça commence au chapitre 2). En conséquence, le suspense lié à l’intrigue et à ses péripéties laisse place à un sentiment grandissant de tragique et d’inéluctable (tout aussi captivant – c’est la prouesse du film !) ; une veine glaciale parcours le film, de concert avec la monstrueuse cruauté du patriarche propre à damner le destin de ses proches. Si Petra est une œuvre aux accents inexorables, n’y sont pour autant arides que les symptomatiques décors de l’arrière-pays catalan. Les comédiens, malgré leurs différences de statuts (de l’immense Marisa Paredes au non professionnel Joan Botey), sont en osmose et palpitent de tourments violents surgissant sans prévenir, comme d’énièmes effets d’une mécanique implacable.
C’est une expérience cinématographique hors norme que Jaime Rosales propose, dans laquelle « Tout doit être surprenant et nécessaire », comme il aime à le rappeler, citant Aristote. Laissez-vous prendre à ce vertige dont la maestria vaut réellement le détour. ⎥ Nicolas Milesi

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