Même si elle apparaît assez tard dans le film, Emmanuelle Riva l’illumine par son regard un peu enfantin et son rire de jeune fille. Ce n’est pas un hasard si Dominique Ambel et Fiona Gordon l’ont associée au lunaire Pierre Richard pour reconstituer un couple de danseurs plein de tendresse et de fantaisie, dans une séquence-hommage qui tient à la fois de La Ruée vers l’or et des meilleurs musicals de Fred Astaire et Ginger Rogers. Mais, comme dans les films précédents des deux réalisateurs, L’Iceberg (2005), Rumba (2008) et La Fée (2011), les personnages principaux sont Fiona et Dom, qui vivent une nouvelle variation de leur histoire d’amour, dans un univers décalé et souvent incongru. C’est toujours la même inventivité débridée, la même poésie, le même goût du burlesque, et la silhouette dégingandée de Fiona fait parfois penser à celle de Jacques Tati, avec la même priorité accordée au langage du geste. La fantaisie n’enlève rien à la profondeur du regard porté sur le vieillissement, et la musique, subtilement distillée – qu’il s’agisse d’une gymnopédie d’Erik Satie ou d’un morceau de Kurt Weil – renforce le plaisir du spectateur enfermé dans cette bulle de fraîcheur et d’émotions. Pour son dernier film Emmanuelle Riva nous laisse un très beau souvenir supplémentaire. ⎥ M. HÉDIN
PARIS PIEDS NUS
Réalisateur(s) : Fiona Gordon, Dominique Abel
Acteur(s) : Fiona Gordon, Dominique Abel, Emmanuelle Riva
Genre(s) : Comédie
Origine : France, Belgique
Durée : 1h23
Synopsis : Fiona, bibliothécaire canadienne, débarque à Paris pour venir en aide à sa vieille tante en détresse. Mais Fiona se perd et tante Martha a disparu. C’est le début d’une course-poursuite dans Paris à laquelle s’invite Dom, SDF égoïste, aussi séducteur que collant.