NOTRE PETITE SŒUR

NOTRE PETITE SŒUR

NOTRE PETITE SŒUR

Réalisateur(s) : Hirokazu Koreeda
Acteur(s) : Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kaho
Genre(s) : Drame
Origine : Japon
Durée : 2h7
Synopsis : Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…

Deux ans après Tel père, tel fils, Kore-eda explore à nouveau les relations au sein d’une famille atypique, où l’arrivée d’une toute jeune fille va transformer la vie de ses aînées, marquées par l’absence du père. Une chronique typiquement japonaise, souvent filmée à hauteur de tatami – on pense inévitablement à Ozu – faite de petites touches juxtaposées durant lesquelles les souvenirs remontent à la surface : les photos des grands-parents, la liqueur de prune faite avec les fruits du jardin, dont on garde précieusement les bocaux, des plus anciens aux plus récents. L’intégration de la jeune Suzu se fait ainsi au cours de rituels conservés : la cueillette et la préparation du breuvage souvent consolateur (les jeunes femmes aiment bien boire !), l’hommage aux défunts de la famille, les marques faites sur le montant d’une porte, marquant les étapes de chacune des vies, parmi lesquelles la sienne trouvera sa place pour ses quinze ans. Mais contrairement aux héroïnes de La Belle promise repliées sur la nostalgie du passé, Sachi, Yoshima et Chika sont ouvertes sur le monde, chacune exerçant un métier et menant sa vie amoureuse à sa façon, avec un caractère bien affirmé. L’adaptation de Suzu à cette nouvelle vie se fait aussi par les amitiés qu’elle noue au sein de son collège, notamment par le biais du football où elle excelle. Au plaisir de vivre ensemble, de goûter la saveur de repas préparés et partagés, à la maison ou dans la gargote d’une cuisinière bienveillante qui perpétue les plaisirs d’antan (maquereaux frits et tartines d’alevins appréciés par le père disparu), s’ajoute l’émotion suscitée par la beauté de la nature. Ce sont les deux points de vue consolateurs, presque identiques, que Suzu et Sachi admirent du haut d’une colline, c’est encore le reflet sur l’eau du feu d’artifice éclatant que Suzu et ses copains vont admirer depuis un bateau ; ce sont les promenades et les jeux sur la plage comme dans l’enfance ; c’est surtout le tunnel de cerisiers en fleurs, d’une beauté et d’une poésie propices au sentiment amoureux, sans qu’il soit obligé d’être dit. Des notations impressionnistes, pudiques et subtiles, pleines d’humour aussi parfois, un film tout en retenue pour dire le bonheur simple et joyeux de vivre ensemble, malgré les drames de la vie. Un film élégant, dans lequel la finesse et la beauté du sourire des interprètes masquent le zeste de mièvrerie que cette tendresse pourrait avoir parfois. – MICHELE HEDIN

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