Quel plaisir de retrouver Rachid Bouchareb ! Il était là, en septembre 2006, pour l’inauguration du tout nouveau cinéma Jean Eustache, avec ses acteurs Bernard Blancan, Jamel Debbouze et Roschdy Zem, pour le film événement Indigènes. Il est revenu, pendant le 32e Festival du film d’Histoire, avec ses comédiens Lyna Khoudri, Reda Kateb et Raphaël Personnaz. Après Baton Rouge, Little Senegal ou Hors-la-loi, il retrace une page d’histoire douloureuse et mémorable : les morts violentes et injustes de Malik Oussekine et de Abdel Benyahia. Deux bavures policières dans le contexte des manifestations étudiantes massives de 1986 contre la loi Devaquet sur l’accès à l’université. Le cinéaste n’a pas hésité à utiliser des journaux télévisés de l’époque, des films, des photos pour ce film particulièrement documenté. Il y a un avant et un après la mort de Malik et de Abdel dans la dénonciation des violences policières et des crimes racistes. Car c’était la première fois, en France, que ces jeunes victimes n’étaient plus des anonymes de second ordre mais des personnes. Trente-cinq ans avant le mouvement « Black Lives Matter ». Rachid Bouchareb sait de quoi il parle et où il va. Il filme le désarroi, la surprise et l’incompréhension des proches (formidables Reda Kateb et Samir Guesmi). Il montre le déni, l’embarras et le mensonge des autorités policières de l’époque tout en dénonçant la pratique particulièrement dangereuse des trop fameux voltigeurs. Enfin il met en scène cette immense vague d’indignation et de solidarité de la jeunesse des années 1980. Un très bon film politique, dans le meilleur sens du terme. ⎥ François Aymé
Nos frangins
Réalisateur(s) : Rachid Bouchareb
Acteur(s) : Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h32
Synopsis : La nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine est mort à la suite d’une intervention de la police, alors que Paris était secoué par des manifestations estudiantines contre une nouvelle réforme de l’éducation. Le ministère de l’intérieur est d’autant plus enclin à étouffer cette affaire, qu’un autre français d’origine algérienne a été tué la même nuit par un officier de police.