Bouleversés, renversés. On sort de la projection complètement chamboulés. C’est le moins que l’on puisse dire. Matteo Garrone s’est donné les moyens, en production, en scénario, en mise en scène, en casting pour narrer le périple de deux jeunes émigrés clandestins Sénégalais vers l’Italie. Un périple filmé comme une odyssée qui vire du rêve au cauchemar mais qui tient, de bout en bout, le spectateur par le fil de l’attachement à ces deux jeunes héros, beaux et inconscients, aussi naïfs que courageux. L’auteur de Gomorra s’est inspiré de personnages réels et c’est ce rare alliage d’authenticité, d’émotion et d’aventures humaines qui donne la force à ce film. Le cinéma est l’art par excellence qui, inlassablement, raconte les histoires d’émigrés, de réfugiés en se concentrant bien souvent sur le dernier acte de leur périple et sur leur difficile intégration. Le cinéaste italien renverse le point de vue du côté africain et ne nous cache rien de la course d’obstacles et de traquenards qui attendent Seydou et Moussa. Son film, non seulement nous donne à voir et à bien comprendre (ce qui est déjà considérable), mais il nous rend encore plus sensibles aux histoires de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants anonymes qui risquent quotidiennement leur vie, dans le désert, en Lybie ou en Méditerranée.
Le film a remporté haut la main le Lion d’argent à Venise et le Prix du public au Festival du film d’Histoire. Un Prix accompagné, lors de la cérémonie de clôture, par l’envoi d’une vidéo très émouvante des deux jeunes acteurs Seydou Sarr et Moustapha Fall, comme une lueur d’espoir dans ces récits si tragiques. Ce n’est que le début de l’histoire de Moi Capitaine, promis à un beau succès ! ⎥ François Aymé
MOI CAPITAINE
Réalisateur(s) : Matteo Garrone
Acteur(s) : Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawadogo
Genre(s) : Drame
Origine : Italie / Belgique
Durée : 2h2
Synopsis : Seydou et Moussa, deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité.