MIA MADRE

MIA MADRE

MIA MADRE

Réalisateur(s) : Nanni Moretti
Acteur(s) : Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini
Genre(s) : Drame - Comédie
Origine : Italie, France
Durée : 1h47
Synopsis : Margherita est une réalisatrice en plein tournage d’un film dont le rôle principal est tenu par un célèbre acteur américain. À ses questionnements d’artiste engagée, se mêlent des angoisses d’ordre privé : sa mère est à l’hôpital, sa fille en pleine crise d’adolescence. Et son frère, quant à lui, se montre comme toujours irréprochable… Margherita parviendra-t-elle à se sentir à la hauteur, dans son travail comme dans sa famille ?

Mettre en scène pour Moretti a longtemps été se mettre en scène. On a parfois oublié à quel point il fut un pionnier de l’autofiction cinématographique, dès la fin des années 70. Depuis quelques années, cette part de « journal intime » s’était un peu effacée, devant l’urgence de la crise politique en Italie et la perversité du berlusconisme. Mia Madre revient aux sources : le personnage principal lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il est cinéaste, il rouspète et s’inquiète, en proie au doute, fragilisé par la mort annoncée de sa mère. Fait marquant : ce n’est plus Moretti qui interprète ce personnage obsessionnel et irascible, mais un alter-ego au féminin, Margherita Buy, comédienne devenue régulière, qui a tourné deux fois avec lui. On la voit en plein tournage d’un film autour d’une usine en lutte, avec des ouvriers refusant les licenciements. Dedans joue un acteur américain (John Turturro, souvent irrésistible) qui s’avère peu professionnel et capricieux. Entre les visites à l’hôpital pour voir sa mère, les in- satisfactions liées au tournage, la fin d’une relation amoureuse, le quotidien de Margherita s’avère compliqué. On retrouve ici condensés des thèmes chers à Moretti : les épreuves de la vie face au travail, la difficile harmonie entre son désir individuel et le collectif, l’engagement et le désengagement. Moretti a bien fait de ne pas être au premier plan. En misant sur le face à face entre Marguerita Buy (toujours juste) et Guilia Lazzarini (une grande dame du théâtre italien), il parvient à témoigner de choses très personnelles, avec le souci constant de les re- couvrir d’universalité. Tout ce qui touche aux premiers signes du déclin, au séjour à l’hôpital, aux souvenirs et à l’oubli, est traité de manière à la fois simple et sensible. Sans faux pas. À la fin, il est difficile de réprimer ses larmes. ⎥TÉLÉRAMA

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