MERCI PATRON !

MERCI PATRON !

MERCI PATRON !

Réalisateur(s) : François Ruffin
Acteur(s) : Acteurs inconnus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France
Durée : 1h24
Synopsis : Pour Jocelyne et Serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH), à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes, risquant désormais de perdre sa maison. C'est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte. Il est confiant : il va les sauver. Entouré d'un inspecteur des impôts belge, d'une bonne soeur rouge, de la déléguée CGT, et d'ex-vendeurs à la Samaritaine, il ira porter le cas Klur à l'assemblée générale de LVMH, bien décidé à toucher le coeur de son PDG, Bernard Arnault. Mais ces David frondeurs pourront-ils l'emporter contre un Goliath milliardaire ? Du suspense, de l'émotion, et de la franche rigolade. Nos pieds nickelés picards réussiront-ils à duper le premier groupe de luxe au monde, et l'homme le plus riche de France ?

Cela débute comme un documentaire social. D’un côté, Bernard Arnault, patron de LVMH, qui a commencé son ascension en déshabillant un fleuron du textile pour garder le porte-jarretelles : la marque Christian Dior. De l’autre, des usines abandonnées dans un Nord sinistré, des employés en souffrance comme ceux de la Samaritaine virés, toujours par LVMH, parce qu’ils ne cadraient pas avec l’image du produit de luxe. Au milieu, François Ruffin, fondateur de Fakir, « journal fâché avec tout le monde ou presque », qui se met lui-même en scène pour « réconcilier » Bernard et ses ex-employés et pour l’aider à « retrouver sa part d’humanité »… C’est déjà plein d’humour et de malice, drôle et culotté quand Ruffin vient mettre le bazar à l’assemblée des actionnaires de LVMH. Et puis notre trublion rencontre les Klur et c’est là que le film prend une toute nouvelle dimension, devient machiavélique « machination » tout en gardant les ressorts d’une farce de Molière. Sauf que « l’arnaque en version lutte des classes » que monte Ruffin pour rendre leur dignité sociale aux Klur (car la dignité morale, ils l’ont gardée) n’est pas de la fiction. On ne va pas vous raconter les épisodes plus désopilants les uns que les autres ni dévoiler le stratagème final (génial !) qui a rendu possible le film en ridiculisant la cynique et pitoyable stratégie de la firme de Bernard. Dans la lignée de Michael Moore (Roger et moi et Bowling for Columbine), Ruffin se réclame aussi de Cavanna et de Renaud mais sans une once de vulgarité. Il ajoute : « Je me dis que Merci Patron ! est peut-être le début de quelque chose. » On a très envie d’y croire. ⎥ Patrick Richet

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