MARIA

MARIA

MARIA

Réalisateur(s) : Jessica Palud
Acteur(s) : Anamaria Vartolomei, Yvan Attal, Matt Dillon…
Genre(s) : changement d’époque et retournement de point de vue
Origine : France
Durée : 1h42
Synopsis : Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…

Regarder le film Maria de Jessica Palud est tout à fait vertigineux. La cinéaste s’est inspirée du livre Tu t’appelais Maria Schneider de Vanessa Schneider, journaliste au Monde et cousine de l’actrice. Le film Maria revient longuement sur le fameux tournage du Dernier Tango à Paris en 1972. Une violente histoire d’amour et de sexe entre deux inconnus. Au générique : Maria Schneider, fille naturelle de l’acteur Daniel Gélin, 19 ans, c’est une débutante ; Marlon Brando, 48 ans, une star mondiale. Le réalisateur, c’est Bernardo Bertolucci, déjà auréolé de quelques succès marquants (Prima della Rivoluzione, Le Conformiste). Quand Le Dernier Tango à Paris sort, c’est un scandale, le film est interdit en Italie. Mais en ce début des années 1970, synonyme de libération des mœurs, c’est surtout un événement culturel et un succès public. On louera alors (et pendant de longues années) l’audace et le talent du cinéaste italien et de l’acteur. Revenir un demi-siècle après sur ce tournage, en suivant cette fois-ci le point de vue de l’actrice Maria Schneider, c’est, enfin, changer de lunettes et de paradigme. C’est, enfin, écouter et entendre Maria Schneider qui, à plusieurs reprises, avait dénoncé les conditions abusives de tournage et parler clairement de viol à propos de la scène de sodomie non écrite au scénario et décidée au dernier moment par le cinéaste et l’acteur Brando. Jessica Palud rend justice et hommage à Maria Schneider, avec énormément de sensibilité et de respect. Aucun voyeurisme, aucune complaisance. Simplement les faits. Et un portrait d’actrice brisée qui n’en est pas moins profondément attachante, en particulier par sa capacité à dire, à résister, même abîmée, même vaincue. Car le film ne se résume pas, loin s’en faut, au tournage du Dernier Tango. On ajoutera que si le film Maria nous saisit et nous chamboule, c’est aussi grâce à l’interprétation de Anamaria Vartolomei (déjà fort impressionnante dans L’Événement) et Matt Dillon (troublant dans le rôle de Marlon Brando). Depuis sept ans, avec #MeToo, il est clair que nous avons changé d’époque. Avec ce flash-back sur le cinéma des années 70, Jessica Palud qui, fait troublant, fut assistante de Bertolucci en 2004, nous le rappelle de manière implacable et salvatrice. ⎥ François Aymé

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