MADRE

MADRE

MADRE

Réalisateur(s) : Rodrigo Sorogoyen
Acteur(s) : Marta Nieto, Anne Consigny, Alex Brendemühl
Genre(s) : Drame
Origine : Espagne
Durée : 2h9
Synopsis : Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent qui lui rappelle furieusement son fils disparu…

Rodrigo Sorogoyen, réalisateur au style si singulier, est de retour. Après avoir marqué les esprits avec deux thrillers nerveux coup sur coup, Que Dios nos perdone et El Reino, il vient s’affirmer comme l’un des plus grands noms du cinéma espagnol contemporain. Délaissant les bas-fonds de la société, il signe avec Madre une œuvre solaire et inquiétante : la lente reconstruction d’une femme qui a perdu son fils. Le film démarre sur un plan-séquence époustouflant, c’est le court-métrage du même nom réalisé par Sorogoyen en 2017. En décidant de poursuivre ce récit tragique, il se livre à un travail de narration fascinant. Une ellipse nous propulse 10 ans après le drame, sur une plage des Landes. Marta Nieto, déjà héroïne du court, reprend son rôle et livre une performance remarquable (couronnée d’un prix à la dernière Mostra). En nous épargnant l’immédiat après-disparition, Sorogoyen laisse des réponses en suspens mais échappe à la lourdeur dramatique. Cette Espagnole qui s’est installée sur le bord de plage appartient au paysage, non sans susciter quelques commérages. Elle pourrait passer pour une veuve de marin ou de surfeur, mais elle scrute bien moins le rivage que la plage et ses promeneurs. La mer n’est pas coupable. Quand Jean débarque et qu’elle retrouve chez lui une ressemblance peu commune, son quotidien se détraque… Le sens du rythme de Sorogoyen trouve un terreau fertile pour instiller une tension permanente. Les plans-séquences qui parcourent le récit y contribuent, répondant aux explorations en scope de ces plages qui paraissent ne jamais finir. Si la peur de l’héroïne Elena nous coupe le souffle au démarrage, la suite est tout aussi singulière. Rarement avons-nous ressenti une telle empathie, continûment mêlée d’inquiétude. On ne peut qu’être troublé par cette amour inépuisable cherchant support, et estomaqué par la puissance du cinéma de Rodrigo Sorogoyen qui filme toujours juste, nous offrant le meilleur film de l’été. ⎥ Victor Courgeon

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