MA VIE DE COURGETTE

Ma vie de Courgette laisse dans la tête comme un petit air de fête, des rires d’enfants chamailleurs et un refrain que l’on fredonne « le vent nous portera…». Un film résolument tourné vers la vie, dont on ressort émus et réconfortés. Avec une délicatesse doublée d’une grande pudeur, Claude Barras aborde un sujet grave qu’il parvient à hisser à hauteur d’enfant. Courgette, drôle de prénom pour un petit garçon… C’est le surnom que sa mère lui avait donné, et bien que la vie avec elle n’ait pas été gaie, il ne voudrait pour rien au monde qu’on l’appelle autrement. En quelques mots, tout est dit de l’ambivalence des sentiments qu’éprouvent les enfants maltraités à l’égard de leurs parents. Les compagnons de Courgette portent tous de profondes meurtrissures. Ces gamins trouvent dans ce foyer un refuge où se reconstruire, entourés d’aînés enfin bienveillants. Raymond, sympathique policier attaché à Courgette, Mme Papineau, qui dirige ce lieu avec autant d’affection que de rigueur, M. Paul, professeur passionné qui emmènera les enfants en classe de neige, et Rosy, l’éducatrice qui n’oublie jamais les bisous du soir… tous portent sur ces enfants un regard tendre et tolérant. Le travail de Céline Sciamma a permis d’adoucir le roman de Gilles Paris pour en tirer une histoire s’adressant à un public familial. Nul doute que les enfants spectateurs seront conquis par les blagues des jeunes pensionnaires, par leurs rires communicatifs et par le stratagème mis au point pour tirer Camille des griffes de sa tante Ida… L’autre réussite du film provient de la technique utilisée : animées image par image, ces marionnettes aux yeux immenses nous font passer du rire aux larmes. A mi-chemin entre conte classique et réalisme documentaire, Ma vie de Courgette est un grand film de cinéma. Un film rare et précieux que l’on a envie de partager avec tous les enfants et les adultes qui les accompagnent. ⎥ A-C. Gascoin