MA FILLE

MA FILLE

MA FILLE

Réalisateur(s) : Laura Bispuri
Acteur(s) : Valeria Golino, Alba Rohrwacher, Sara Casu
Genre(s) : Drame
Origine : Italie
Durée : 1h36
Synopsis : Vittoria, dix ans, vit avec ses parents dans un village reculé de Sardaigne. Un jour de fête, elle rencontre Angelica, une femme dont l’esprit libre et l’attitude provocante tranchent avec le caractère posé de sa mère, Tina. Vittoria est fascinée, mais sa mère ne voit pas d’un bon œil ses visites de plus en plus fréquentes à la ferme où Angelica vit comme hors du monde. Elle ne sait pas que les deux femmes sont liées par un secret. Un secret qui la concerne, elle…

Un rodéo. Des hommes enivrés. Et au milieu, une petite fille sage à la chevelure flamboyante qui tombe sur une scène qu’elle ne devrait pas voir : une femme jupe relevée répondant aux avances d’une brute dans le recoin d’un corral. Elle observe, intriguée, puis s’enfuit pour se réfugier dans les bras rassurants et protecteurs de sa mère.
Nous ne sommes pas aux États-Unis mais en Italie. Dans une Sardaigne rurale, pauvre et minérale, écrasée de soleil. Le spectateur ne met pas longtemps à noter l’étrange ressemblance entre Vittoria, 10 ans, et cette Angelica un peu paumée qui survit entourée de chevaux dans une ferme isolée et qui, le soir venu, drague les hommes dans une taverne pour se faire offrir un verre. Irrésistiblement attirée par une femme diamétralement opposée à sa mère, la correcte et dévote Tina, Vittoria multiplie les visites à la ferme sans savoir qu’un secret, vite dévoilé, lie les deux femmes. A la manière d’une tragédie antique. Sur un sujet pourtant rebattu – une enfant déchirée entre sa mère biologique et sa mère adoptive –, l’Italienne Laura Bispuri, dont c’est le deuxième film, impressionne par la puissance de sa mise en scène. Sa manière de filmer au plus près ses personnages dans des longs plans-séquences nous fait ressentir physiquement la chaleur accablante, le vent dans les cheveux, la poussière sur la peau. Il y a quelque chose de fondamentalement viscéral et archaïque dans son cinéma. À l’image des paysages arides et rudes de l’île, personnage à part entière de cette histoire, les sentiments des protagonistes s’expriment dans toute leur évidence et leur brutalité, donnant au film son caractère de tragédie antique. « La Sardaigne est un peu le miroir de mes personnages, expliquait la réalisatrice lors de la présentation à Berlin en février dernier. C’est une terre qui a une identité forte mais qui cherche sa place. Comme elle, la petite fille doit comprendre d’où elle vient pour s’affirmer. » ⎥ LA CROIX

Partager