L’OUTSIDER

L’OUTSIDER

L’OUTSIDER

Réalisateur(s) : Christophe Barratier
Acteur(s) : Arthur Dupont, François-Xavier Demaison, Sabrina Ouazani
Genre(s) : Drame bancaire
Origine : France
Durée : 1h56
Synopsis : On connaît tous Jérôme Kerviel, le trader passé du jour au lendemain de l’anonymat au patronyme le plus consulté sur les moteurs de recherche du net en 2008… l’opérateur de marchés de 31 ans dont les prises de risque auraient pu faire basculer la Société Générale voire même le système financier mondial… l’homme condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros. La chaîne hiérarchique de la « SocGen » s’est défendue d’avoir eu connaissance de ces prises de positions risquées. Pourtant, le trader junior avait le vent en poupe. Fin 2007, chiffres à l’appui, il a fait gagner à la Société Générale 1 milliard et demi d’euros sur l’année écoulée. Du jamais vu dans les salles de marchés de la banque à la Défense. A cette époque, Kerviel est dans une spirale de réussite. Une « bonne gagneuse », une « cash-machine » comme le surnommaient ses collègues. Il est jeune, il a une gueule … celui que tout le monde envie sur le plateau où travaillent les traders, cornaqués par une hiérarchie avec pour devises quotidiennes: « Tu gagnes, je gagne » ou « Qui peut le plus, peut encore plus ». On connaît Kerviel… mais on ne sait rien de Jérôme. Personne n’aurait pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader. Jérôme est né en 1977 dans une banale bourgade de pêcheurs du Finistère. Adolescent sans histoire, il mène une vie ordinaire avec son frère et ses parents, un couple uni et travailleur. Il suivra des études convenables qui le mèneront à un DESS de finance. Il est recruté en 2000 par la Société Générale où on l’affecte au « middle office », sorte de secrétariat chargé de comptabiliser les ordres passés par les prestigieux traders qui officient dans la mythique salle des marchés, considérée à l’époque comme la meilleure au monde sur les produits financiers dérivés. Entré par la petite porte, Jérôme Kerviel va gagner ses galons et sa place en apprenant vite. Très vite.

Un peu plus d’un an après L’Enquête de Vincent Garenq, qui revenait sur le nébuleux dossier Clearstream, Christophe Barratier entreprend à son tour d’éclairer l’une des affaires les plus retentissantes de notre époque. Restant à distance du combat médiatico-judiciaire aux ramifications complexes qui continue encore d’alimenter l’actualité, le film suit la carrière de son principal protagoniste, de son entrée à la Société Générale jusqu’à son licenciement et la découverte de la fraude massive que l’on connaît. On approche ainsi l’homme derrière le patronyme, l’itinéraire de Jérôme derrière le scandale Kerviel. Le film, qui a connu les obstacles que l’on peut imaginer, doit beaucoup à l’engagement de Jacques Perrin à la production. Mais aussi à la remarquable interprétation de l’excellent Arthur Dupont, qui confère au célèbre trader une naïveté juvénile avant de traduire avec brio sa progressive perte de contrôle et du sens des réalités. Épaulé par un François-Xavier Demaison étonnant, il est par ailleurs servi par une mise en scène maîtrisée et inspirée, alliée à un rythme frénétique qui traduit le sentiment de vertige et de tension à mesure que se déploie l’engrenage impitoyable. Car le film décrit une ascension aussi fulgurante que le sera l’emballement d’une spirale du gain devenue incontrôlable. L’immersion dans l’univers d’excès et d’hystérie des salles de marché n’est pas sans rappeler Le Loup de Wall Street de Scorsese,tout comme le paradoxe entre des méthodes pointées du doigt et des objectifs toujours plus ambitieux et irréalistes. Le film réussit le pari de saisir toute la complexité de l’affaire sans prendre parti : ici, point de Robin des Bois ou de monstre assoiffé de profit, ni d’encadrement hiérarchique crédule ou complètement complice. L’Outsider retrace avant tout l’histoire passionnante d’une tragédie humaine sans précédent. ⎥ A. PAILHÈS

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