Quelle belle idée ! Une plongée dans une fable orwellienne, une dystopie bien d’aujourd’hui sur les dangers des manipulations génétiques mais avec la mécanique du suspense hitchcockien. Il fallait y penser. Jessica Hausner que nous avions eu le plaisir d’accueillir à Pessac pour son film Amour fou passe à une nouvelle étape. Celle d’une maîtrise assez vertigineuse du scénario qu’elle enrobe, de la première à la dernière image, par une ambiance vénéneuse à souhait. Son récit aux accents futuristes et paranoïaques est comme une histoire à tiroirs et à double fond. Elle réussit à installer une douce terreur insidieuse et persistante en filmant… des fleurs. Des fleurs qui recèlent aussi bien les fantasmes d’un bonheur artificiel que les peurs d’une science sans conscience. Ainsi retrouve-t-on avec Jessica Hausner un genre passionnant mais rare : la science-fiction au goût politique prononcé, de Soleil vert à Bienvenue à Gattaca, en passant par 1984 ou même plutôt Le Meilleur des mondes. Comme ces prédécesseurs, on est bien loin des superproductions intergalactiques. Au contraire, les décors sont minimalistes mais aussi soignés et éclairés qu’un jardin japonais en miniature. Pour ce Little Joe, Emily Beecham a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes. Bien mérité. Elle distille le doute comme un alcool qui vous fait perdre la tête… ⎥ François Aymé
LITTLE JOE
Réalisateur(s) : Jessica Hausner
Acteur(s) : Emily Beecham, Ben Whishaw, Kerry Fox
Genre(s) : Drame
Origine : Allemagne, Autriche, Royaume-Uni
Durée : 1h45
Synopsis : Alice, mère célibataire, est une phytogénéticienne chevronnée qui travaille pour une société spécialisée dans le développement de nouvelles espèces de plantes. Elle a conçu une fleur très particulière, rouge vermillon, remarquable tant pour sa beauté que pour son intérêt thérapeutique. En effet, si on la conserve à la bonne température, si on la nourrit correctement et si on lui parle régulièrement, la plante rend son propriétaire heureux. Alice va enfreindre le règlement intérieur de sa société en offrant une de ces fleurs à son fils adolescent, Joe. Ensemble, ils vont la baptiser " Little Joe ". Mais, à mesure que la plante grandit, Alice est saisie de doutes quant à sa création: peut-être que cette plante n’est finalement pas aussi inoffensive que ne le suggère son petit nom.