Leurs Enfants après eux

Réalisateur(s) : Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma

Acteur(s) : Paul Kircher, Angelina Woreth, Sayyid El Alami, Gilles Lellouche, Ludivine Sagnier

Genre(s) : drame

Origine : France

Durée : 2h16

Tous publics

Synopsis : Août 92. Une vallée perdue dans l'Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s'ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s'aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.D'après le roman éponyme de Nicolas Mathieu, publié aux Editions Actes Sud, Prix Goncourt 2018.

Leurs Enfants après eux témoigne de cet intérêt renouvelé pour des personnages en transition – de l’adolescence jusqu’à l’âge adulte – dans un territoire aussi singulier que socialement déterminant. Constituant une adaptation resserrée du Prix Goncourt éponyme de Nicolas Mathieu, leur nouveau film se structure autour de quatre étés des années 90 (sans fétichisme aucun, ouf !) dans une ville dont les hauts-fourneaux à l’arrêt témoignent d’un quotidien embourbé dans la morosité sociale et l’absence de perspectives. Paul Kircher (la révélation du Règne animal couronné Meilleur Espoir à la dernière Mostra pour ce nouveau rôle) y campe un Anthony plus lunaire que dans l’œuvre originelle, avec des préoccupations romantiques qui transparaissent jusque dans l’esthétique du film. Car, aussi ancrée soit-elle dans le territoire du nord-est de la France, la vision des frères Boukherma (pas beaucoup plus âgés que les héros de leur film) fait appel à la grammaire cinématographique hollywoodienne, énergique et ample, propre à sublimer – à rendre bigger than life – ces « existences de gagne-petit et de durs au mal » tels que les décrit affectueusement Nicolas Mathieu. Au fil d’un récit riche en rebondissements, un cruel déterminisme social se déploie, déroulant la malédiction quasi programmatique du titre. Leurs Enfants après eux est captivant car chaque personnage s’y débat avec ses propres contradictions et existe pleinement. Au diapason d’un scénario talentueux, les comédiens, autour du personnage d’Anthony, incarnent leur partition avec une belle intensité : Angelina Woreth, Sayyid El Alami, Ludivine Sagnier et bien sûr Gilles Lellouche… Tout autant victimes de leurs existences cabossées qu’auteurs de leur propre malheur, ils sont des personnages que jamais le film ne s’autorise à regarder en surplomb. Sauf d’une seule et bienveillante manière, le temps bref d’un plan inoubliable, révélant simplement, dans la lumière des feux d’artifice qui les nimbe, toute la candeur que leur humanité recèle. – Nicolas Milesi