LES INNOCENTES

LES INNOCENTES

LES INNOCENTES

Réalisateur(s) : Anne Fontaine
Acteur(s) : Lou de Laâge, Vincent Macaigne, Agata Buzek
Genre(s) : Drame
Origine : France, Pologne
Durée : 1h40
Synopsis : Pologne, décembre 1945. Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise. D’abord réticente, Mathilde accepte finalement de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, violées par des soldats soviétiques, sont sur le point d’accoucher. Peu à peu, se nouent entre Mathilde, athée et rationaliste, et ces religieuses, attachées aux règles de leur vocation, des relations complexes que le danger, la clandestinité des soins et de nouveaux drames vont aiguiser...

« Cette histoire est inspirée par la vie de Madeleine Pauliac (1912-1946) résistante et médecin-chef de l’hôpital français de Varsovie, à la mémoire de laquelle ce film est dédié. » De ce récit choral se détachent trois femmes : la jeune Mathilde, à laquelle Lou de Laâge prête sa maturité gracile et têtue. Presque médecin, petite main d’une armée de libération sûre de ses combats, étrangère à toute spiritualité, elle affronte la Mère Abbesse du couvent, confiante dans son autorité, protégée par la réclusion, convaincue de trouver les réponses dans la prière. Entre elles, sœur Maria, passeur de langues et d’idées entre mondes séculier et régulier, traductrice autant qu’élément de modernité dans le couvent, est l’avenir possible vers un monde apaisé et conciliateur. Le récit file sans temps mort, emporté par le tourbillon d’une fin de guerre qui précipite les mouvements de populations et de cultures, polonaises, allemandes, françaises, russes. Partageant le point de vue de Mathilde, le spectateur est touché par ces «innocentes», à la foi durement ébranlée par le viol collectif, étonnées d’enfanter dans un paroxysme charnel, désorientées dans leur choix initial et central de se vouer à Dieu, transfigurées en Vierges à l’Enfant des peintres de la Renaissance par la chef opératrice Caroline Champetier. Draperies en clair obscur, visages diaphanes, bébés emmaillottés, tout concourt à la mise en abyme de la naissance du Christ. Econome de mots, empreint de sensibilité, le film d’Anne Fontaine explore tous les possibles de cette situation complexe, veillant à ne pas s’encombrer d’un contexte historique qui écraserait son histoire intime, évoquant, sans avoir l’air d’y toucher, politique et société, religion et humanité, doute et secret, et saluant la vie par-dessus tout. ⎥ Florence Lassalle

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