Le Tableau volé

Le Tableau volé

Le Tableau volé

Réalisateur(s) : Pascal Bonitzer
Acteur(s) : Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1h31
Synopsis : André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : l’œuvre est authentique, un chef-œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cette découverte le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina, et par sa fantasque stagiaire Aurore...

Critique de cinéma reconnu, scénariste aguerri (pour Téchiné, Rivette, Ruiz et beaucoup d’autres), le cinéaste accompli Pascal Bonitzer signe un opus au style enlevé. Dès la première scène entre le commissaire-priseur (Alex Lutz, tout en cinglante vivacité) et Aurore, sa fantasque stagiaire (Louise Chevillotte, dont la verve singulière trouve une place grandissante dans le cinéma français), le ton est donné, énergique et savoureux. Inspiré d’une histoire vraie (la découverte au début des années 2000 d’un tableau d’Egon Schiele spolié par les nazis), Le Tableau volé nous place dans les pas d’Aurore, à la découverte de l’univers codifié des salles de vente. Tournée à Drouot, l’histoire est bien documentée ; Bonitzer y orchestre un jeu d’intrigues aux nombreux personnages, des plus loufoques (Marisa Borini, en affreuse bourgeoise : « Un commissaire-priseur, c’est comme un chirurgien esthétique ; il faut lui faire confiance. ») jusqu’aux plus rationnels (le jeune Arcadi Radeff, prêtant ses traits lumineux au candide Martin, l’ouvrier chez qui le tableau est retrouvé par hasard). Dans un monde contaminé par l’argent et obsédé par la menace du faux, c’est à la très relative sincérité des relations humaines que le film s’intéresse en contrebande. Lorsque la valeur des choses est moins déclarative que soumise aux lois du marché, la vérité de chaque personnage apparaît tout aussi fluctuante que leurs intérêts. Et Le Tableau volé de mettre en lumière des rapports de classe que d’aucuns voudraient cacher sous le tapis cossu de la salle d’enchères. La justesse des dialogues, subtilement dosée par des comédien.ne.s de ta- lent (impériale Léa Drucker), participe au plaisir délectable que l’on prend à reconnaître nos semblables – si bien dépeints.
⎥ NICOLAS MILESI

Partager