Pour sa vingt-huitième réalisation, Spielberg renoue avec la veine historique qui a fait les beaux jours de sa carrière, de L’Empire du soleil à Il faut sauver le soldat Ryan en passant par La Liste de Schindler ou son plus récent Lincoln. Le Pont des espions est l’occasion pour le maître hollywoodien de nouer une quatrième collaboration avec Tom Hanks, ici dans la peau d’un avocat d’assurances choisi pour défendre un espion russe, dans le climat paranoïaque de l’Amérique de la guerre froide. Un épisode avéré dont se sont emparés les frères Coen, co-auteurs d’un scénario empreint de leur habituel ton incisif et de notes d’humour savamment distillées. Entre thriller d’espionnage et fresque historique, ce film d’une facture classique mais très maîtrisée joue d’une sobre élégance favorisée par l’atmosphère rétro des années 50. Spielberg peut compter sur son fidèle chef opérateur, Janusz Kaminski, qui signe une somptueuse photographie au service d’une non moins magistrale reconstitution de l’époque – à noter une vibrante recréation de la construction du mur de Berlin. D’une grande virtuosité dont témoigne une séquence de crash d’avion absolument époustouflante, ce film dessine surtout la trajectoire d’un homme incarnant la décence morale et le courage ordinaire. Tom Hanks est impeccable mais serait presque éclipsé par Mark Rylance, exceptionnel de sobriété en espion russe peu loquace mais d’une admirable dignité. Du cinéma humaniste ne sacrifiant pas pour autant au suspense et au spectacle ; du grand Spielberg. ⎥ AUDREY PAILHÈS
Le Pont des Espions
Réalisateur(s) : Steven Spielberg
Acteur(s) : Tom Hanks, Mark Rylance, Scott Shepherd
Genre(s) : Historique, Espionnage
Origine : USA
Durée : 2h12
Synopsis : James Donovan, un avocat de Brooklyn se retrouve plongé au cœur de la guerre froide lorsque la CIA l’envoie accomplir une mission presque impossible : négocier la libération du pilote d’un avion espion américain U-2 qui a été capturé.