Immense documentariste (il a commencé sa carrière en 1965 avec Viva la libertad), Patricio Guzmán a conçu l’amitieux projet de réaliser un triptyque consacré à la longue histoire du Chili, de l’extermination des Indiens aux crimes de la dictature de Pinochet, et cela en lien avec les éléments reliés au cosmos : l’air, l’eau, la terre. Les cinéphiles qui se souviennent avec émo- tion de Nostalgie de la Lumière (2010), situé tout au nord du Chili dans le désert d’Atacama, découvriront avec ravissement ce deuxième film qui se déroule tout au sud en Patagonie et qui se consacre à l’eau. Les autres se précipiteront à la Médiathèque pour découvrir le premier opus et pour prolonger leur émerveillement. Le Bouton de Nacre s’appuie donc sur l’océan Pacifique, la plus longue frontière du Chili (près de 6500 km) pour convoquer les souvenirs douloureux afin que le bouton de nacre retrouvé au fond de l’océan ne demeure pas la seule trace du militant assassiné et précipité dans l’eau d’un hélicoptère (une crevette Bigeard en d’autres lieux et d’autres temps !). Primé dans de nombreux festivals, Le Bouton de Nacre a reçu l’Ours d’argent du Meilleur scénario à la Berlinale 2015 : une double consécration. Pour le réalisateur bien sûr mais aussi pour ce cinéma du réel qui, par le biais d’une écriture entière- ment maîtrisée, fait œuvre, à la fois, d’esthétique, de poésie et de vérité.
⎥ Jean-Marie Tixier
Le bouton de nacre
Réalisateur(s) : Patricio Guzman
Acteur(s) : Documentaire
Genre(s) : Ours d'argent
Origine : France - Espagne - Chili
Durée : 1h22
Synopsis : Le bouton de nacre est une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous. Elle part de deux mystérieux bou- tons découverts au fond de l’océan Pacifique, près des côtes chiliennes aux paysages surnaturels de volcans, de montagnes et de glaciers. A travers leur histoire, nous entendons la parole des in- digènes de Patagonie, celle des premiers navigateurs anglais et celle des prisonniers politiques. Certains disent que l’eau a une mémoire. Ce film montre qu’elle a aussi une voix.