RuPaul et le succès planétaire de son émission de téléréalité Drag Race (concours de la meilleure drag queen) ont beaucoup contribué à populariser (formater ?) cette figure de la contre-culture, avec tout ce qu’elle charrie de militantisme et de revendications plus ou moins identitaires. Tourné sur trois années, le film de Coline Abert s’attache en particulier à Vinsantos, une icône parfois énigmatique de la scène underground de La Nouvelle-Orléans et de San Francisco qui a créé une école – « Je savais que nous étions nombreux à ne pas entrer dans le moule » – où il forme une nouvelle génération d’artistes Drag Queens. À travers le portrait d’un performer en proie aux doutes et dont la démarche artistique garde le souci de faire bouger les représentations (de genre, en particulier – mais pas que), le documentaire fait preuve d’une pédagogie bienvenue pour un large public qui ne connaîtrait pas l’esthétique camp avec toute l’ironie iconoclaste qui la sous-tend. Entre crépuscule d’une diva qui rend les armes et passage de relais à l’énergie d’une génération nouvelle, Last Dance témoigne de préoccupations toujours vivaces derrière l’évolution des rituels de représentation. ⎥ Nicolas Milesi
LAST DANCE
Réalisateur(s) : Coline Abert
Acteur(s) : Vinsantos DeFonte
Genre(s) : Documentaire
Origine : France, USA
Durée : 1h41
Synopsis : À la Nouvelle Orléans, tout le monde connaît Vince, alias Lady Vinsantos, une Drag Queen emblématique qui y a fondé sa propre école. Après 30 ans de carrière, Vince est las de ce personnage qui a pris le contrôle de sa vie. Il décide donc de dire adieu à Lady Vinsantos, non sans avoir réalisé son plus grand rêve : un dernier show à Paris…