LA VRAIE FAMILLE

LA VRAIE FAMILLE

LA VRAIE FAMILLE

Réalisateur(s) : Fabien Gorgeart
Acteur(s) : Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h42
Synopsis : Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois, qui a désormais 6 ans. Un jour, le père biologique de Simon exprime le désir de récupérer la garde de son fils. C’est un déchirement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée « Maman ».

En décidant d’ouvrir cette histoire de famille d’accueil dans l’environnement artificiel, reconstitué, d’un parc de loisirs, le cinéaste Fabien Gorgeard prépare à son insu le spectateur à un récit très vite préoccupé par les questions que son titre soulève : qu’est véritablement une famille ? Les liens du sang sont-ils forcément les plus forts ? La sincérité du propos transpire dans ce drame d’inspiration autobiographique – la mère du réalisateur était assistante familiale. Auteur de nombreux courts métrages primés et d’un long très remarqué en 2017 (Diane a les épaules, dont l’héroïne se démenait pour essayer de ne créer aucun lien avec l’enfant qu’elle portait), Fabien Gorgeard a un vrai talent pour filmer le bonheur spontané en famille et les interactions parents-enfants sans mièvrerie aucune. Ses comédiens usent d’un jeu naturaliste confondant – Mélanie Thierry fût justement récompensée d’un Valois d’interprétation  au festival d’Angoulême – y compris les trois enfants dont c’est la première apparition à l’écran. Si l’aspect mélodramatique de ce que raconte La Vraie Famille est assumé (ressortez pour le petit Simon les mouchoirs que vous aviez utilisés en regardant The Kid de Chaplin), jamais le film ne sacrifie à la complexité de ce qu’il raconte. Entre l’assistante maternelle et le père biologique qui veut renouer avec son fils (Félix Moati, en personnage subtilement écrit qui n’a rien de la caricature sociale redoutée), le cinéaste sait montrer à quel point « tous deux nourrissent pour Simon un amour légitime mais incompatible ». C’est à cette complexité humaine du système des familles d’accueil que le film confronte, non sans cruauté parfois. (À ce titre, Dominique Blanc est impériale en juge des affaires familiales qui prétend démêler le bon du mauvais.) La Vraie Famille aurait été prétentieux de savoir répondre à toutes les questions qu’il soulève. Mieux. Le film parvient intelligemment à pointer du doigt un système qui semble créer du malheur autant qu’il en épargne. Valois du jury au festival d’Angoulême. ⎥ Nicolas Milesi

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