Tourné en pleine « bardolâtrie », La Vérité défraya la chronique. L’ogre Clouzot allait-il dévorer la star, qu’on venait de voir rieuse dans Babette s’en va-t-en guerre ? Après En cas de malheur, d’Autant-Lara, c’était son deuxième grand rôle dramatique. Le succès fut à la hauteur du battage. Grand Prix du cinéma français, La Vérité décrocha un oscar à Hollywood. Le scénario, pourtant, est des plus banals. Une jeune fille trop belle et trop libre est accusée du meurtre de son amant. A son procès, témoins et flash-back nous font revivre le drame.
Le style ? C’est la « qualité française », que contestaient les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Aucune chance laissée au hasard, des effets d’audiences avec répliques d’avocats qui font mouche à la seconde voulue. Cinquante ans après, on peut sourire devant ce Saint-Germain-des-Prés dépeint comme un lieu de débauche. Mais l’intérêt du film, c’est « l’animal Bardot », que Clouzot s’acharne à faire jouer. Elle résiste, la mine boudeuse, puis finit par craquer, telle une bête traquée poussant un hurlement. L’auditoire à qui elle crie : « Vous ne m’avez jamais aimée. Vous êtes tous morts… » préfigure les bonnes gens qui pousseront au suicide l’héroïne de Vie privée. Peu après, Godard s’inclinera devant le mythe. ⎥Télérama
LA VÉRITÉ
Réalisateur(s) : Henri-Georges Clouzot
Acteur(s) : Brigitte Bardot, Sami Frey, Paul Meurisse
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 2h4
Synopsis : Dominique Marceau, une jeune fille provocante, est accusée du meurtre de son ancien amant Gilbert Tellier. Au cours du procès, l'histoire de sa relation avec la victime est reconstituée.