La nouvelle vie de Paul Sneijder

La nouvelle vie de Paul Sneijder

La nouvelle vie de Paul Sneijder

Réalisateur(s) : Thomas Vincent
Acteur(s) : Thierry Lhermitte, Géraldine Pailhas, Pierre Curzi
Genre(s) : Comédie, drame
Origine : Canada, France
Durée : 1h54
Synopsis : Suite à un rarissime accident, Paul Sneijder ouvre les yeux sur la réalité de sa vie de « cadre supérieur » à Montréal : son travail ne l’intéresse plus, sa femme l’agace et le trompe, ses deux fils le méprisent… Comment continuer à vivre dans ces conditions ? En commençant par changer de métier : promeneur de chiens par exemple ! Ses proches accepteront-ils ce changement qui le transformera en homme libre ?

Après Kennedy et moi, réalisé par Sam Karmann en 1999, La Nouvelle Vie de Paul Sneijder est la deuxième adaptation pour le cinéma d’un roman de Jean-Paul Dubois (Le Cas Sneijder, 2011). Autant dire du riche semis pour le réalisateur Thomas Vincent (Karnaval, 1999) et son équipe… Située dans la banlieue chic, glaciale et standardisée de Montréal, cette histoire d’un homme confronté au deuil et à la lâcheté de son existence n’est a priori pas drapée dans les atours les plus séduisants. Pourtant, dès la première séquence, Thierry Lhermitte surprend, intrigue, renouant avec ce jeu minimaliste que Guillaume Nicloux avait su révéler chez le comédien (Une affaire privée, en 2002). Thomas Vincent, au diapason avec son personnage, architecture son film de cadrages très particuliers, jouant avec les flous et les profondeurs de champs, traduisant quasi graphiquement toute la distance que Paul Sneijder prend avec la sphère sociale. La vanité des uns et la course au pognon des autres sont rendues à leur dérisoire nature ; le spectacle de cet homme candidat tranquille au déclassement social (ramasseur de crottes de chiens, qu’on en juge !) procure un plaisir fou. Un plaisir décuplé parce que La Nouvelle Vie de Paul Sneijder fait face à la radicalité de son sujet et ne se borne pas à ricaner cyniquement. Que ce soit dans les altercations de Paul avec son épouse (Géraldine Pailhas, effrayante dans sa monomanie de prétention sociale), ou lors des entretiens de Paul avec l’avocat de la partie adverse (Pierre Curzi – vu dans Le Déclin de l’Empire américain – fascinant d’inattendu), le film ose le premier degré et le gros plan lorsque la gravité de la situation l’exige, avec à la clé beaucoup d’émotion pour le spectateur. Un irrésistible dégel travaille ce film au cœur et il est contagieux. ⎥ NICOLAS MILESI

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