La Fille de Brest, le film, est à la confluence de la volonté, de la ténacité et de la conviction de trois femmes. Et c’est ce croisement, cet alliage entre trois personnalités féminines aussi singulières qui fait le charme et l’intérêt de ce titre. A l’origine, bien entendu, il y a justement cette fameuse
« fille de Brest », une certaine Irène Frachon qui, loin de Paris, avec perspicacité puis avec une forme d’entêtement vivace s’attaque aux laboratoires Servier. Avec aussi la foi, les bouts de ficelle et la force du naïf. On connaît l’histoire, le scandale. Irène Frachon n’a pas été seulement une lanceuse d’alerte, elle a également dénoncé des abus et les failles béantes d’un système d’autorisation des médicaments. On connaît la formule : « quand la légende dépasse la réalité, il faut imprimer la légende », mais on peut ici la retourner : « quand la réalité dépasse la fiction, alors il faut en faire un film ». Ce qui fut fait. Et c’est là qu’intervient le deuxième personnage féminin : Emmanuelle Bercot. Il y a peu, elle était inconnue. Elle s’est fait remarquée à travers le portrait attachant de Catherine Deneuve dans Elle s’en va. Et en 2015, elle ouvrait brillamment le Festival de Cannes La Tête haute, en tant que réalisatrice, et repartait avec un prix d’interprétation pour Mon Roi. Du jamais vu la même édition. Emmanuelle Bercot est comme une pile qui se recharge très vite ! Elle suit son héroïne (car c’en est une) à la trace. Elle batît son histoire comme une bataille. Ne fait aucun complexe quand à sa capacité à expliquer, à faire comprendre les effets secondaires dévastateurs du Médiator, les principes de la recherche médicale, les modes de fonctionnement de l’univers hospitalier, la puissance et l’influence des labos. Pour raconter tout cela, elle est allée chercher une actrice de l’autre côté de la mer, au Danemark. Et le troisième personnage féminin de l’aventure n’est autre que l’actrice révélée par lé série danoise Borgen que nous eûmes plaisir à retrouver aux côtés de Fabrice Luchini dans L’Hermine : Sidse Babett Knudsen. Cousine de Julia Roberts dans Erin Brockovitch, seule contre tous, elle a le même abattage, la répartie cinglante, le verbe fleuri. Elle aime surprendre, bousculer. Tombe. Se relève. Encaisse et envoie. Les superhéros de chez Marvel ne lui arrivent pas à la cheville côté hargne et… charme. Car enfin, c’est bien ce dont il s’agit : l’histoire d’une super héroïne qui a des super pouvoirs : l’honnêteté, le courage, la force de persuasion et de conviction. Il ne reste plus qu’à en prendre de la graine en venant voir le film. ⎥ François Aymé
LA FILLE DE BREST
Réalisateur(s) : Emmanuelle Bercot
Acteur(s) : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 2h8
Synopsis : Dans son hôpital de Brest, une pneumologue découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d'un médicament commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité.