La femme au portrait

C’est le plus hitchcockien des films de Fritz Lang. Le cinéaste allemand, alors exilé aux Etats-Unis, a souvent trahi son goût pour la psychanalyse en plongeant ses héros dans des mondes souterrains et des lieux clos. Il a tenu à modifier le scénario initial en présentant l’histoire du professeur pris dans un engrenage infernal comme un rêve, un voyage cauchemardesque parmi ses démons intérieurs. Préférant du coup faire un pied de nez au « destin implacable » où s’enlisent d’habitude ses personnages, mais aussi confronter le criminologue au vertige de ses fantasmes et de sa culpabilité. Le génie de Lang est perceptible dans ses cadrages, ses clairs-obscurs, sa façon d’introduire la paire de ciseaux fatale ou de faire naître la tension avec un taxi sous la pluie, un crayon, ou une pièce de monnaie… jusqu’à la surprise finale. Du grand art. Nagel Miller