Une grande partie de l’ambition du film de Stéphanie di Giusto tient dans son titre. Et la danseuse dont il est question, tenant lieu de programme au déroulement narratif, n’est pas forcément celle qu’on pense. Avec une volonté de ne pas oublier grand-chose de la biographie romanesque du personnage, la réalisatrice s’est jetée passionnément dans l’histoire de Loïe Fuller, Américaine devenue célèbre dans le Paris de la fin du XIXe siècle grâce à un numéro tenant davantage de la performance que de la danse académique. Emmaillotée dans des dizaines de mètres de soie blanche, maniant un lourd mécanisme invisible au public, Loïe Fuller tournoyait sur elle même, créant des formes éphémères éclaboussées par la lumière colorée des projecteurs à électricité, technologie révolutionnaire de l’époque. Figure de proue de ce Paris avant-gardiste, admirée comme une icône par Mallarmé, Lautrec ou Rodin, la jeune femme connut une existence de star et de muse, avant de sombrer dans l’oubli puis, longtemps après sa mort, d’être redécouverte comme une des pionnières de la danse contemporaine. Toutefois, ce qui intéresse Stéphanie di Giusto n’est ni les ravages de la célébrité ou le caractère avant-gardiste de son héroïne, mais son talon d’Achille, son point fatal de rupture. Autrement dit, le fait que Loïe Fuller n’était pas une danseuse. Elle était une inventrice géniale, visionnaire, mais pas une danseuse au sens strict du terme, fruit d’un don morphologique et d’une discipline de forçat. En substance, le contraire d’Isadora Duncan, prodige elle aussi américaine qui, comme un ange maléfique, vint détruire Loïe Fuller, à Paris, dans sa propre compagnie, au moment où celle-ci pensait avoir trouvé la grâce qu’elle recherchait depuis le début de sa vie. ⎥ Télérama
LA DANSEUSE
Réalisateur(s) : Stéphanie Di Giusto
Acteur(s) : Soko, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h48
Synopsis : Loïe Fuller est née dans le grand ouest américain. Rien ne destine cette fille de ferme à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes en bois, Loïe réinvente son corps sur scène et émerveille chaque soir un peu plus. Même si les efforts physiques doivent lui briser le dos, même si la puissance des éclairages doit lui brûler les yeux, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter la chute de cette icône du début du 20ème siècle.