Ultime volet d’une trilogie qui a marqué définitivement le documentaire d’auteur,
La Cordillère des songes s’avère tout aussi passionnant que les deux précédents opus de Patricio Guzmán sur l’histoire de son pays natal, le Chili. À nouveau, ce film adopte un angle singulier pour réveiller la mémoire d’un pays que le réalisateur a quitté jeune, fuyant la dictature. C’est justement un aspect plus personnel que ce documentaire adopte peu à peu, à la différence des deux précédents films. Si le point de départ est d’abord géographique, il se mue graduellement en un regard sociétal, avant de devenir une réflexion politique et métaphysique. Au final, il y est beaucoup question de l’enfance de Guzmán et de son rapport à ce pays tôt quitté mais filmé depuis 40 ans ! Entre poésie et nostalgie, le charme opère, même si la construction de La Cordillère des songes ne ménage pas de si puissants rapprochements que dans Nostalgie de la lumière ou dans Le Bouton de nacre. Au détour du film, le portrait d’un cameraman singulier (Pablos Salas, infatigable filmeur des mouvements de rue depuis les années 80) occupe une part prépondérante du récit et devient le moyen pour Guzmán d’une réflexion émouvante sur le vertige de ses propres inspirations. ⎥ Nicolas Milesi
LA CORDILLÈRE DES SONGES
Réalisateur(s) : Patricio Guzmán
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France, Chili
Durée : 1h25
Synopsis : Patricio Guzmán : « Au Chili, quand le soleil se lève, il a dû gravir des collines, des parois, des sommets avant d’atteindre la dernière pierre des Andes. Dans mon pays, la cordillère est partout mais pour les Chiliens, c’est une terre inconnue. Après être allé au nord pour Nostalgie de la lumière et au sud pour Le Bouton de nacre, j’ai voulu filmer de près cette immense colonne vertébrale pour en dévoiler les mystères, révélateurs puissants de l’histoire pas- sée et récente du Chili... ”