Thomas Vintenberg, sa spécialité, c’est le portrait de groupe ou de famille. Avec une tendance à en pointer habilement les dysfonctionnements. Dix huit ans après, personne n’a oublié la puissance de Festen. On se souvient aussi de l’impressionnant combat de l’individu contre le groupe et la rumeur dans La Chasse. Le cinéaste danois s’attaque cette fois-ci aux fameuses communautés des années 70 qui fleuraient bon une certaine utopie, même si, celle-ci était mâtinée d’arrangements économiques et a pu conduire à des déroutes idéologiques. Il s’agissait de vivre ensemble pour de bon. Au quotidien, dans la même maison. C’était une « expérience ». Mais l’on ne fait pas impunément des expériences avec son intimité et ses sentiments. L’auteur sait montrer avec simplicité comment les personnages se font prendre à leurs propres pièges, quelles stratégies plus ou moins hypocrites chacun met en œuvre pour concilier façade et confort personnel et comment l’on peut être broyé par les humiliations qui se cachent derrière la volonté d’apparaître « ouvert ». Le film est, en outre, un magnifique portrait de femme blessée. ⎥ FRANÇOIS AYMÉ
LA COMMUNAUTÉ
Réalisateur(s) : Thomas Vinterberg
Acteur(s) : Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen, Helene Reingaard Neumann
Genre(s) : Drame
Origine : Danemark, Hollande, Suède
Durée : 1h51
Synopsis : Dans les années 1970, au Danemark, Erik, professeur d'architecture, et Anna, journaliste à la télévision, s'installent avec leur fille de 14 ans, Freja, dans une villa d'un quartier huppé de Copenhague où ils décident de tenter l'expérience de la communauté. Ils y invitent donc des amis mais aussi de nouvelles connaissances à partager là une vie en collectivité où toutes les règles, toutes les décisions sont prises de manière collégiale et soumises à un vote. Si leur communauté favorise l'amitié, l'amour et l'intimité du groupe, une liaison amoureuse entre Erik et l'une de ses étudiantes va venir perturber la vie de tous...