Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2016.
Comme Talons aiguilles il y a 25 ans, Julieta est centrée sur une relation mère-fille marquée par l’absence. Cette fois Almodovar n’a cependant pas choisi le mélodrame mais le drame pur, mêlant trahison amoureuse, deuil, amitié exclusive, quête spirituelle, fuite et sentiment de culpabilité que l’on peut transmettre bien malgré soi. Le film traverse trois décennies de la vie d’une mère espagnole de ses 25 à ses 55 ans. Adriana Ugarte – révélée comme vedette de séries télévisées espagnoles à succès – incarne l’amoureuse des années 80, aussi sensuelle que mélancolique. Puis, au temps du chagrin dévastateur, son visage se fond dans celui d’Emma Suarez, très convaincante dans le rôle de mère secrètement tourmentée, qui promène sa solitude dans Madrid. Almodovar avait recommandé à ses actrices de lire le récit du deuil poignant de l’Américaine Joan Didion, L’année de la pensée magique et les drames réels de D’autres vies que la mienne du Français Emmanuel Carrère. Emma Suarez a également confié avoir vu Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle, où déambule magnifiquement Jeanne Moreau. «Mes héroïnes n’ont jamais été de la société bien pensante ni des femmes comme il faut, elles sont tout sauf vertueuses», a résumé Almodovar. Il semble pourtant avoir doté son personnage de moins de force et de liberté qu’à son habitude, présentant Julieta en «victime» du «mystère insondable qui fait que nous abandonnons les personnes que nous aimons». ⎥ L’EXPRESS