Journal d’un curé de campagne

Journal d’un curé de campagne

Journal d’un curé de campagne

Réalisateur(s) : Robert Bresson
Acteur(s) : Claude Laydu, Armand Guibert, Nicole Ladmiral…
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h50
Synopsis : Un jeune prêtre vient d’être nommé curé d’Ambricourt, petit village d’Artois, dont les habitants l’accueillent assez mal. Son manque de sens pratique, sa mauvaise santé et l’esprit d’enfance qui l’habite l’empêchent de s’imposer…

Pour nous faire entrer dans la vie du pâle jeune homme en soutane, Bresson choisit de montrer d’abord des choses matérielles : une brouette, un tonneau, le pain qu’il trempe dans du vin sucré pour s’alimenter. Cette figure idéaliste apparaît sous les traits d’un enfant buté, d’une bête apeurée, et c’est le meilleur moyen de nous y attacher. Ses tourments spirituels sont exprimés de la manière la plus physique. Et c’est le pauvre cahier d’écolier du petit curé, couvert d’une écriture fiévreuse, qui tient lieu de fil rouge, avec sa voix off insérée entre les scènes dialoguées.

De la matière abondante du roman de Bernanos, Bresson ne pouvait tirer qu’une épure. Aux épanchements de l’écrivain, il fait correspondre une intensité dramatique, inutilement soulignée par la musique (un défaut qu’il gommera plus tard). Entre la solitude du jeune prêtre et ses confrontations avec la lâcheté des hommes et la cruauté des jeunes filles se creuse un chemin qui prend des allures de calvaire. Chez Bernanos, la foi est une question de vie ou de mort ; son absence, une maladie, voire un crime. Bresson, par la rigueur de sa mise en scène, évoque les grands films muets. La silhouette noire découpée sur la campagne lugubre est celle d’un singulier vampire. Le contraire d’un vampire, en fait : un homme qui se vide en offrant à qui veut sa passion vacillante. ⎥ François Gorin (Telerama)

Partager