jojo rabbit

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jojo rabbit

Réalisateur(s) : aika Waititi
Acteur(s) : Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Taika Waititi
Genre(s) : Guerre, comédie
Origine : USA
Durée : 1h48
Synopsis : Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu'imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.

Un gamin qui choisit Adolf Hitler pour meilleur ami, dans un film réalisé par un cinéaste néo- zélandais, en langue anglaise de surcroît, voilà qui risque d’en dissuader plus d’un. Ce serait un grand tort de s’arrêter à cet aspect des choses car Jojo Rabbit est un film plus subtil qu’il n’y paraît de prime abord. Les réalisateurs qui ont choisi l’angle de la comédie pour aborder le nazisme, avec le Führer pour personnage principal ou secondaire, ne sont pas légion. On pense bien sûr à Chaplin (Le Dictateur, dès 1940) et à Ernst Lubitsch (To be or not to be, 1942) chez lesquels la satire se teinte à la fois de fantaisie et de gravité. La particularité du film de Taika Waititi est de mettre l’accent sur l’imaginaire et l’engagement de l’enfance, tout en s’inscrivant dans la réalité dramatique de l’époque (situation des juifs, autodafé, bombardements…). Jojo regarde le monde qui l’entoure et le commente avec un sérieux qui contraste avec les mimiques et les répliques loufoques de son interlocuteur (joué avec un humour décapant par le réalisateur lui-même). Le film démarre comme une séquence de Billy Elliot, avec un Jojo bondissant qui va participer avec enthousiasme aux activités du camp de jeunesse de la Hitlerjugend. La réalité de l’embrigadement et de l’entraînement guerrier de ces jeunes de 10 à 14 ans se mêle finement à la satire assumée par le cinéaste et au regard critique que porte Yorki, l’ami de Jojo, bien réel celui-là, qui l’accompagne, résigné. Mais le film prend une autre dimension lorsqu’on pénètre la sphère familiale. La mère de Jojo, si elle entretient tendrement les illusions de son fils, n’en est pas moins engagée dans un autre combat, en l’absence de son mari. Quand Jojo découvre la présence d’une jeune juive cachée dans son grenier telle Anne Frank, un autre dialogue s’engage et c’est lui qui entame la rédaction d’un journal pour son idole. Jojo va progressivement apprendre à se libérer des idées qu’on lui a inculquées et découvrir l’acceptation de l’autre. Faire rire avec les convictions d’un jeune nazi dont les yeux se désillent était une gageure. Entre rires et larmes contenues ou poésie d’un papillon qui volette sur une place tragique, le film s’achève sur des images d’un Berlin en ruines (hommage à Allemagne année zéro) que commente, lucide et désabusé, un Yorki, toujours pragmatique. ⎥ Michèle Hédin


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